Surprenant…
La liste des membres du gouvernement et de leurs responsabilités annoncée le 16 mai ne comprend pas le thème de la formation professionnelle. Comme le fait justement remarquer l’AFPA dans sa e-letter, aucun des 34 ministères cités ne portait cette priorité de François Hollande. La formation professionnelle n’était rattachée à aucun portefeuille ministériel. Elle n’existait tout simplement pas. Heureusement, l’oubli fut corrigé rapidement et la formation professionnelle, chère au Président, a été rajoutée aux prérogatives de Michel Sapin, ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. Ouf !
Surprenant encore…
Les contours de son maroquin ont été clarifiés le 24 mai dernier. Sur le site wwwdébatformation.fr, Valérie Grasset-Morel décrit par le menu le caractère interministériel de la formation. La responsabilité de dossier se partage dorénavant avec de nombreux membres du gouvernement : Stéphane Le Foll, Arnaud Montebourg, Pierre Moscovici, Cécile Duflot, Vincent Peillon, etc. Ils ont tous une responsabilité sur le sujet, en lien avec le ministre pilote Michel Sapin.
En définitive, il n’y a pas de préposé à temps plein sur la formation professionnelle, mais les législatives devraient sans doute ajuster le tir en termes de strapontin ministériel dédié à cette priorité nationale !
Surprenants également, les résultats du baromètre « Défis RH 2012 » proposé par l’ANDRH et Inergie…
Sur la base d’un échantillon relativement restreint (213 personnes interrogées par internet), l’étude traite des tendances RH et de l’actualité des DRH en mettant en avant leurs grands sujets de préoccupations.
« Même si le marché, la crise et la loi dictent l’agenda des DRH » rappelle Emmanuel Franck dans Entreprise & Carrières (partenaire de l’étude, n°1097, mai 2012), « le dialogue social, la GPEC et les rémunérations sont les trois sujets sur lesquels les DRH se mobilisent en priorité ».
Ces sujets sont importants mais qu’en est-il de la formation professionnelle ?… Dans les 40 pages de résultats du baromètre, le sujet de la formation n’apparaît jamais ! C’est un non sujet. Une recherche sur le mot « formation » donne un seul résultat ! Et cette unique occurrence ne concerne que le moyen de sensibiliser les managers et les salariés pour un autre dossier : les risques psycho-sociaux. La formation n’apparait donc pas dans le domaine de responsabilité des DRH et dans les résultats de ce baromètre mené par l’ANDRH.
Cette absence totale est d’autant plus surprenante, voire inquiétante, qu’il est démontré par cette étude que « les professionnels de la fonction RH restent focalisés sur leurs missions cardinales », souvent contraints par le respect des règles et de la législation : 58% des DRH répondent que c’est d’abord la loi qui les fait évoluer. L’intérêt qu’ils portent aux sujets RH varie ainsi « d’une année sur l’autre en fonction des injonctions gouvernementales » selon Entreprise & Carrières. La formation ne serait-elle pas une obligation légale pour ne pas être considérée comme prioritaire par les DRH ? N’est-ce pas un sujet déterminant nécessitant le respect d’une conformité règlementaire ?
La formation professionnelle est bien sûr au cœur de l’activité des DRH : elle représente en moyenne 26% de budget total de la fonction RH (Etude CEGOS, « Fonction Ressources Humaines, Missions, organisations, coûts et effectifs », 2009). Elle sous-tend surtout toutes les démarches de développement des compétences et de fidélisation des talents. La formation professionnelle est une activité fondamentale comme en témoigne l’étude d’Expectra auprès de 1 459 collaborateurs ou décideurs RH. « Avec la crise, les DRH ont appris la « frugalité ». Faire plus avec moins signifie d’abord et avant tout optimiser ses propres ressources, son organisation » (Expectra). La première des priorités RH identifiées par cette étude est l’optimisation de la formation et le développement des compétences des salariés (Voir le résumé en une infographie).
La gestion de la formation professionnelle constitue pour les DRH en particulier et pour l’entreprise en général, la pierre angulaire de sa politique de management des talents. C’est bien une activité cardinale et plus que jamais une priorité stratégique… Quelle soit gouvernementale ou micro-économique !
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Références : Les tendances RH pour 2012, Expectra-TNS Sofres, Septembre 2011
Baromètre Défis RH 2012, ANDRH-Inergie, Mai 2011
e-letter de l’AFPA
