20% des actifs préparent actuellement une reconversion professionnelle, et 27% y songent fortement. C’est l’un des enseignements du 2e baromètre CentreInffo/CSA de la formation professionnelle, dont les résultats laissent entrevoir un intérêt accru des Français pour la formation. Ils sont également de plus en plus nombreux à connaître leur solde CPF. La réforme et la crise sanitaire ne sont probablement pas étrangères à ces évolutions.
CentreInffo a publié début février son 2e baromètre de la formation professionnelle, réalisé en janvier auprès de 1 600 actifs français. Cette année, l’étude comporte un focus sur la reconversion professionnelle. Nous passons en revue les principaux résultats.
Près de la moitié des actifs préparent ou envisagent une reconversion professionnelle
47% des répondants du baromètre sont engagés ou veulent s’engager dans une démarche de reconversion professionnelle.
- Un actif sur 5 a déjà commencé à préparer sa reconversion. Ils sont 34% chez les 18-24 ans – même si dans ce cas il s’agit plutôt d’une hésitation sur le choix de carrière. On en trouve encore un quart chez les 25-34 ans, et 20% entre 34 et 49 ans.
- Les questions sur la reconversion n’ayant pas été posées dans le baromètre 2020, nous ne pouvons pas nous prononcer sur la progression. On constate cependant que malgré ou en raison de la crise sanitaire, la mobilité professionnelle est une option pour la moitié des actifs. Le rôle important du CPF est également à souligner. On peut faire l’hypothèse que la « démocratisation » du dispositif a contribué à rendre le passage à l’acte plus facile à envisager.
Un tiers de ceux qui ne sont pas en reconversion (soit 27% de l’ensemble) envisagent de passer à l’acte dans les mois ou les années à venir. 73% d’entre eux font ce projet à moins de 5 ans. - Parmi les diverses raisons invoquées pour ne pas envisager de reconversion professionnelle, les motivations positives arrivent en tête : la moitié ne changent pas de métier pas parce qu’ils sont attachés à leur emploi, un quart parce qu’ils aiment leur ambiance de travail. Un quart des répondants invoque le contexte de crise, peu propice à quitter son emploi. Les craintes de ne pas pouvoir rebondir (11%), de ne pas avoir la capacité de changer (12%) ou d’avoir une rémunération plus faible (12%) n’arrivent qu’ensuite.
- Les raisons de se reconvertir sont elles aussi majoritairement positives : faire un métier plus proche de ses valeurs (86%) ou gagner davantage (57%). Le rejet de l’emploi actuel n’est invoqué que par 38% des répondants – même s’il monte à près de 50% chez les salariés de l’industrie.
- 62% des personnes en reconversion ou envisageant de l’être se font accompagner dans leur démarche – par des structures dédiées, des proches ou des organismes de formation. L’employeur n’arrive qu’en 4e.
- Enfin, le CPF est la première source de financement mentionnée, devant les aides de Pôle Emploi.
42% des actifs connaissent leur solde CPF
Il y a un an, un salarié sur 4 connaissait le montant présent sur son CPF. Ils sont aujourd’hui 42%, soit 17 points de plus. Et 85% déclarent connaître le CPF. La part de ceux qui voient bien de quoi il s’agit a progressé de 6 points. Et les actifs en reconversion professionnelle sont presque tous au courant. Les plus jeunes et les ouvriers, en revanche, sont plus nombreux que la moyenne à ne rien savoir du CPF.
La notoriété du CPF ne s’étend cependant pas au CPF de transition professionnelle : une majorité d’actifs n’en ont jamais entendu parler (55%). Et le chiffre n’a pas progressé depuis l’année dernière.
D’une façon générale, les dispositifs de formation sont d’autant plus connus qu’ils sont anciens : l’apprentissage (1919), le bilan de compétences (1986) et la validation des acquis de l’expérience (2002) sont connus d’au moins 8 actifs sur 10, tandis que Pro-A (2018) et CléA (2015) ne sont familiers que pour 3 répondants sur 10. La performance du CPF, né en 2015, est donc particulièrement remarquable.
Un actif sur 2 veut se former dans l’année
La crise sanitaire n’a pas suscité une ruée sur la formation : 48% des actifs interrogés envisagent de suivre une formation dans les 12 mois qui viennent. Ils étaient 51% l’année dernière.
La première motivation invoquée pour ne pas se former est le manque de temps : c’est l’une des raisons avancées dans un tiers des cas. Vient ensuite l’absence d’offre de formation correspondant aux besoins de la personne, dans un quart des cas. Un répondant sur 5 attend une proposition de formation de l’entreprise qui ne vient pas. La question budgétaire ne vient qu’en 4e position.
La formation professionnelle, recours face aux incertitudes
En un an, la part des répondants inquiets pour leur avenir professionnel est passée de 23% à 32% : la crise a aggravé les incertitudes. Les actifs sont aussi 9 points de plus à avoir le sentiment que leur métier va évoluer très vite (42%), et 6 points de plus à penser qu’ils feront le même métier, mais différemment, dans 5 ans (48%). Un actif sur deux pense qu’il devra changer d’emploi dans les mois ou les années qui viennent.
Les actifs se considèrent comme les premiers responsables de leur projet de formation. Les deux tiers d’entre eux ont le sentiment d’être suffisamment acteurs de leur formation professionnelle, soit 11 points de plus que l’année dernière. Face à cette instabilité, la formation conserve une bonne image, et accroît même sa cote de confiance. La proportion d’actifs qui la jugent inutile ou inadaptée recule de 9 points à 27%.
La crise sanitaire a renforcé simultanément le sentiment d’incertitude et l’importance de la formation professionnelle. Il semble également que le pari derrière le lancement de l’appli CPF soit en voie d’être gagné : il s’agissait de donner aux salariés un accès direct au financement de la formation, sans intermédiaire, de les rapprocher de la formation. Certes, une majorité d’actifs continuent à se dire mal informés sur le système ; mais la cause de la formation continue a clairement marqué des points.
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