La formation en chiffres #50 : 31% d’adultes insuffisamment formés aux compétences de base

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Les adultes français ne disposent pas d’un niveau de compétences, et notamment de compétences de base, à la hauteur des ambitions économiques du pays. C’est le constat sévère dressé par l’OCDE dans ses Perspectives sur les compétences 2017, publiées début mai 2017. De plus, il semble que le dispositif de formation continue ne contribue pas suffisamment à la réduction de cet écart. L’organisation énonce une série de recommandations aux politiques pour affronter ce problème.

 

Pour la 3e fois, l’OCDE publie son rapport sur les compétences des adultes dans les 34 pays membres de l’organisation, exploitant les résultats d’une enquête conduite en 2012. L’édition 2013 des Perspectives de l’OCDE sur les compétences présentait les premiers résultats de l’enquête. Celle de 2015 se concentrait sur les jeunes. L’édition 2017, toujours fondée essentiellement sur l’exploitation des mêmes données, est consacrée au lien entre compétences et « chaînes globales de valeur ». En d’autres termes, sur l’apport de la mondialisation à l’économie de chaque pays, et sur la plus ou moins grande adéquation des profils de compétences et des systèmes de formation aux choix stratégiques nationaux. Une note intitulée Comment se situe la France fait le point sur les enseignements du rapport pour l’Hexagone.

 

Une part importante d’adultes ne maîtrisent pas les compétences de base

Selon le Programme international pour l’évaluation des compétences des adultes (PIAAC), cité dans le rapport, 31% des adultes français présentent des lacunes en numératie (maîtrise des mathématiques) et en littératie (écriture et lecture). C’est 5 points de plus que la moyenne des pays de l’OCDE.

Le tableau est moins noir si l’on s’intéresse aux jeunes : ceux-ci présentent des scores proches de la moyenne, ce qui pourrait laisser penser que le problème est purement générationnel et va se résorber « naturellement ». Toutefois, l’OCDE rappelle que le rapport PISA n’est pas aussi optimiste : « les scores des élèves de 15 ans se sont affaiblis en mathématiques depuis 2006 alors qu’ils n’ont pas augmenté en science et en lecture. » Des données corroborées par l’enquête Timss sur les mathématiques et les sciences.

Les mauvais résultats de la France en matière de compétences des adultes sont cependant surtout imputables à la situation des personnes de 45 ans et plus. Sur ce segment, la formation professionnelle continue apparaît véritablement comme la principale réponse. Pas question en effet d’attendre que le passage des générations résolve le problème : d’une part, comme on vient de le voir, celui-ci ne concerne pas uniquement les plus âgés si on regarde dans le détail ; et surtout, le temps presse : la compétitivité des secteurs exposés se dégrade rapidement.

 

Un profil de compétences inadapté aux enjeux

L’économie française figure plutôt parmi les moins intégrées de l’OCDE aux « chaînes de valeur mondiales » : « 29% des emplois du secteur marchand sont soutenus par la demande finale provenant de l’étranger », dont la moitié depuis les autres pays de l’Union européenne. Le chiffre n’a pas évolué depuis 2000.

Surtout, poursuit le rapport, « la France est spécialisée dans les secteurs technologiquement avancés, mais a peu intensifié cette spécialisation au cours des dernières années. Les compétences de sa population ne paraissent pas suffisamment correspondre à celles exigées par ces secteurs. » Plus précisément, « le premier quart des adultes les plus performants en littératie et numératie affiche des résultats en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE, ce qui peut s’avérer insuffisant pour développer un avantage comparatif dans les secteurs technologiquement avancés qui exigent des travailleurs dotés de fortes compétences cognitives ». Et de fait, la productivité augmente moins vite en France que dans la moyenne des pays de l’OCDE.

 

Que faire ?

L’OCDE estime que « la France doit doter sa population d’un éventail de compétences non seulement cognitives mais aussi sociales et émotionnelles, offrir plus d’équité dans l’apprentissage et encourager les adultes de développer et adapter leurs compétences tout au long de leur vie ». D’après les résultats du rapport, en effet, il apparaît que « les travailleurs français figurent parmi les moins engagés dans les programmes d’apprentissage des adultes ». La France est classée 25e sur 28 sur cet indicateur, avec 43% des adultes en emploi de 25 à 64 ans ayant suivi une formation – contre des scores de 70 à 75% dans les pays d’Europe du Nord.

Cette donnée doit être nuancée par les résultats d’une autre étude parue cette année : celle du Cedefop sur les politiques de formation en alternance (initiale et continue) des pays de l’Union européenne. Selon cette enquête, les adultes français participent sensiblement plus souvent à des actions de formation continue que la moyenne des Européens : 18,6% des 25-64 ans (en emploi ou non) en ont suivi une au cours des 4 semaines précédant l’enquête, contre 10,7% en moyenne dans l’Union. En outre, si l’enquête du Cedefop confirme un net retard de la France en matière de formation sur le lieu de travail, elle révèle au contraire une avance sensible en matière de formation en alternance des adultes dans les entreprises, y compris les PME. Dans ces mêmes formations en alternance, la dépense des entreprises françaises s’élève au double de la moyenne européenne. Pour expliquer ces différences, on remarquera notamment que le périmètre géographique n’est pas le même (UE vs OCDE), et celui des questions non plus (population vs salariés).

L’OCDE recommande donc à la France de développer et de généraliser l’accès à la formation tout au long de la vie, sans entrer dans le détail des compétences à favoriser. Certains publics sont cependant plus spécifiquement à cibler : « les politiques doivent garantir un meilleur soutien aux adultes hors du marché du travail mais aussi aux travailleurs qui risquent de perdre leur emploi ». On note que ces catégories sont précisément celles qu’entend privilégier, dans son programme, la nouvelle équipe au pouvoir. La formation, quoi qu’il en soit, n’a pas fini d’apparaître comme l’un des principaux leviers de progression pour l’économie française.

 

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