Riche actualité vidéo ce semestre sur la formation professionnelle. Nous vous proposons un focus sur les enjeux en matière de compétences de l’organisation des Jeux Olympiques en France à l’été 2024 ; mais aussi des contenus sur les principales évolutions du système de formation au premier semestre, l’impact de l’IA sur le marché de la formation et les grandes tendances en matière de développement des compétences dans les mois et années qui viennent.
Sommaire
Compétences : les multiples défis des Jeux Olympiques
Le système de formation professionnelle
Paroles d’experts sur le marché de la formation
Les JO organisés en France en juillet-août posent de multiples problèmes de compétences : sécurité, accueil, logistique, couverture journalistique… Sans oublier la formation des sportifs eux-mêmes.
Beaucoup de médias ont consacré des reportages à la question de la sécurité de l’événement.
Le Monde nous ouvre les coulisses d’une séance de formation à la sécurité, à un moment où, à 3 mois des JO, les besoins sont encore considérables (on parlait de 8 000 agents manquant). La crise du Covid a semble-t-il entraîné une baisse des effectifs du secteur, qui n’a pas été rattrapée depuis. La formation en question, habituellement organisée sur 5 semaines, est concentrée en 3 semaines, en excluant certains modules jugés inutiles dans le cadre spécifique des JO.
Pour répondre aux besoins, on forme même des retraités – notamment pour leur capacité à gérer le conflit.
Au-delà de la formation des individus, il y a la gestion collective des situations à risque. Ici, un exercice de sécurité civile est organisé dans un stade du Rhône dans le cadre de la préparation aux JO.
Les besoins de formation concernent aussi d’autres métiers, comme ceux de l’accueil des clients étrangers par les hôtels et restaurants. Il s’agit de former un personnel de plus en plus nombreux qui n’a pas fait l’école hôtelière – le but étant d’apprendre les différences culturelles à connaître pour accueillir les touristes de différentes nationalités. Un enjeu de taille pour l’image du pays en tant que destination touristique.
La formation, c’est aussi celle des journalistes sportifs, et pas seulement en France. Ici, VoxTv Congo évoque la formation de 12 journalistes qui seront amenés à couvrir l’évenement, dans le cadre d’un atelier initié par l’ambassade de France.
Au-delà des JO de juillet 2024, le sport de haut niveau pose la question de la reconversion des sportifs une fois leur carrière d’athlète est terminée. Christelle Molle, qui a fait les JO de Barcelone en 1992 en badminton, évoque les dispositifs existants. L’ancien hockeyeur Luc Chauvel est lui-même devenu formateur pour la reconversion des sportifs. Martial Fesselier, ancien international de marche athlétique, est devenu coach à la retraite, après avoir travaillé dans une agence de communication sportive. Le cycliste Thierry Marie et le hockeyeur Charles Geslain témoignent également de leurs reconversions.
Instauration du reste à charge, évolution du rôle des Opco, affirmation de celui de la Caisse des Dépôts, version définitive du Passeport de compétences : plusieurs dispositifs du système de formation professionnelle ont connu des évolutions significatives au premier semestre 2024.
L’animation proposée en juin par Centre Inffo détaille le fonctionnement du reste à charge mis en place depuis mai 2024 pour les utilisateurs du CPF. En pratique, la contribution de 100 € est prise en compte automatiquement par la plateforme Mon Compte Formation.
L’animation de mars s’intéressait à la façon dont les Opco contrôlent les organismes de formation depuis les changements réglementaires de la fin 2023. Il y est rappelé que les Opco réalisent à la fois un contrôle qualité et un contrôle du service fait. On y apprend que le GIE Datadock, mis en place après la réforme de 2014 pour mettre en œuvre le précédent système de contrôle qualité (pré-Qualiopi), continue à exister : les Opco le mandatent pour effectuer des contrôles qualité auprès des organismes de formation, une pratique qui vient d’être avalisée par le décret du 28 décembre 2023. Si l’Opco constate des manques en matière de qualité, il signale le fait à l’organisme qui a délivré la certification Qualiopi au prestataire de formation. Quant au contrôle de service fait, il s’effectue sur pièces, et depuis décembre 2023, l’Opco peut l’effectuer sans avoir constaté d’anomalie au préalable. Les actions par apprentissage peuvent désormais être contrôlées également. L’enjeu est important pour les entreprises, puisqu’en cas de non-conformité sur ces deux points (qualité et service fait), l’Opco ne prend pas en charge l’action de formation.
On retrouve les experts de CentreInffo sur la question du passeport de compétences, dont la version finale a été mise à disposition sur le site Mon Compte Formation le 1er avril 2024. Ils reviennent sur les enjeux et le fonctionnement de ce CV numérique et officiel, alimenté à la fois par le bénéficiaire et par des données préchargées récupérées par la Caisse des Dépôts auprès des employeurs et des organismes certificateurs notamment.
Le passeport devait en principe faire l’objet d’une campagne de communication de la part des autorités au printemps. Cette campagne, si elle a eu lieu, ne semble pas avoir laissé beaucoup de traces. La Caisse des Dépôts a cependant mis à disposition une animation qui précise le fonctionnement du dispositif, et annonce la mise à disposition de la version définitive non plus en avril mais en mai 2024.
Digiforma propose une série de vidéos qui présentent les différents acteurs de la formation. La première d’entre elles décrit le rôle de la Caisse des Dépôts dans la gestion du Compte personnel de formation depuis 2019 : gestion et alimentation des 35 millions de comptes des usagers, collecte (via l’Urssaf) des fonds versés par les entreprises pour le CPF et des financements complémentaires, paiement des organismes de formation, référencement des formations éligibles, création et gestion de la plateforme Mon Compte Formation. Depuis novembre 2019, 10 Mds€ d’achats de formation ont été réalisés via la plateforme, et 15 000 organismes de formation ont été référencés.
Fouzi Fethi et Valérie Michelet de CentreInffo évoquent pour Demaintv les conséquences juridiques de l’application de l’IA à la formation professionnelle, les enjeux légaux et le nouveau règlement européen sur la question (« AI Act »). Le règlement vise à protéger les utilisateurs, avec des obligations modulées en fonction des risques liés à l’usage.
Cathy Alegria, de Xerfi Canal, analyse le nouveau contexte économique dans lequel évoluent les organismes de formation : financements en baisse, charges en hausse, concurrence croissante. L’IA pourrait bouleverser le marché en personnalisant l’expérience apprenant et en automatisant la production de contenu. Pour autant, il existe des opportunités de développement et d’innovation pour les organismes de formation – notamment l’executive education, les formations obligatoires, la formation aux nouvelles compétences. Elle discerne 5 tendances du marché en lien avec ces nouvelles opportunités.
La chaîne DemainTV donne la parole à Agnès Checcalini, chargée d’étude au Céreq, au sujet du Bref paru en mars 2024 et consacré aux spécificités du système de formation professionnelle français en Europe. Nous y avons consacré en partie cet article au mois de mai. Les entreprises françaises y apparaissent notamment comme plus formatrices que leurs homologues européennes, réactives et agiles en matière de formation au moment du Covid. Les entreprises ont à la fois développé les cours et stages en ligne et exploré davantage les modalités moins « magistrales » comme la formation en situation de travail. Les entreprises françaises apparaissent comme donnant une place particulièrement stratégique à la formation – y compris les PME.
Isabelle Barth, « dealer de compétences », parle du management éthique – défini comme « manager sans abîmer ni les gens ni la planète » et des compétences associées. Elle identifie notamment, parmi les soft skills à mobiliser, la réflexivité – la capacité à réfléchir sur ses propres actions et motivations. Elle déplore également le fait qu’on ne forme pas les managers – on continue à prendre les meilleurs experts, sans leur enseigner les hard skills du management. « Il y a peu de managers vraiment toxiques, qui se lèvent le matin en se demandant comment ils vont pourrir la vie de leurs collaborateurs. Il y a beaucoup de managers qui ne sont pas bien dans leur métier ».
Crédit photo : Shutterstock / 80’s Child
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