La première moitié de 2023 s’est ouverte sur les retrouvailles de la profession à Cannes lors de la 18e université d’hiver de la formation professionnelle. Les premiers mois de l’année ont vu en outre la poursuite des débats sur l’avenir du système et la transformation continue de l’offre sous l’action de l’innovation pédagogique et technologique. Au programme de notre revue vidéo semestrielle, 13 extraits, 13 coups de projecteur sur un monde de la formation en mouvement.
Sommaire
La 18e université d’hiver de la formation professionnelle : la profession à nouveau réunie
L’avenir du système
Offre de formation : pédagogies et technologies
La réglementation « formation professionnelle » en 2023
La complexité des parcours de reconversion
L’UHFP s’est tenue à Cannes en janvier 2023, après 3 ans d’interruption liée à la pandémie. Les replays sont intégralement disponibles ici via la chaîne youtube de Centre Inffo. Nous avons sélectionné 3 interventions, à dimension plus particulièrement politique.
Au cours de la 18e UHFP, cette édition spéciale du Journal de la Formation donnait la parole à Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels. Elle revient d’abord sur la spécificité de son ministère, qui fait le pont entre celui du Travail et celui de l’Education nationale. Elle évoque la lutte contre la fraude au CPF, les certifications, l’alternance et le grand thème de l’UHFP : les transitions professionnelles. Elle annonce aussi qu’elle ne souhaite pas fusionner apprentissage et professionnalisations, deux dispositifs qui selon elle « répondent à des enjeux différents ».
Michel Yahiel, de la Caisse des dépôts, prend la parole à l’occasion de l’UHFP 2023 pour évoquer les efforts de régulation de l’État et de la CDC autour de l’utilisation du CPF. Il rappelle le travail effectué en 2022, qui s’est traduit par une réduction quantitative de l’offre sur la plateforme moncompteformation.gouv.fr (« on est passé de 25 000 à 15 000 » organismes référencés), au profit d’une élévation de la qualité des certifications éligibles. Il évoque également le passeport compétences, défini comme « un LinkedIn à valeur probante ».
En conclusion des débats, le Délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle Bruno Lucas saluait la 18e UHFP comme un moment important où les acteurs du secteur se sont enfin retrouvés après 3 ans d’interruption.
Sur fond de discussions entre partenaires sociaux sur la réforme de la réforme, le sujet de l’avenir de la formation professionnelle est beaucoup revenu sur les réseaux.
Les entreprises sont en attentes de nouveautés réglementaires, selon Sabrina Dougados, avocate associée du cabinet Littler. Parmi les thématiques identifiées, il y a le co-investissement dans le cadre du CPF, mais aussi la possibilité pour les salariés en CDI de se former en alternance en interrompant leur contrat, ce qui n’est pas (plus) possible aujourd’hui. La Pro-A n’a pas remplacé la période de professionnalisation !
Claire Pascal, DG de Comundi, évoque la complexité de l’écosystème formation. Elle répond notamment à la question « qui paie la formation », et revient sur l’aide à l’apprentissage qui contribue à faire entrer véritablement l’alternance dans la culture de formation des entreprises françaises. Elle explique aussi pourquoi il ne faut pas avoir peur que les collaborateurs partent après avoir été formés : si l’effort de formation est global, les compétences sont plus faciles à trouver sur le marché du travail.
Le député Les Républicains Philippe Juvin posait une question parlementaire à la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche Sylvie Retailleau, en faisant 3 propositions : fermer les filières « impasses » (30% des M2 sont en sciences sociales, qui représentent 2% des emplois de chercheurs en entreprise) ; simplifier la création de diplômes, par exemple en permettant aux entreprises de créer leurs propres diplômes ; faire une vraie GPEC à l’échelle du pays.
Les organismes de formation prennent la parole pour évoquer les grandes évolutions de l’offre.
Bénédicte Fauvarque-Cosson, administratrice générale du Cnam, explique comment le Cnam développe de nouveau formats de formation pour atteindre des publics plus larges et innover. Il est ainsi déjà possible d’apprendre à réparer une centrale nucléaire avec un casque de réalité virtuelle. D’un point de vue pédagogique, le formateur, selon elle, doit aujourd’hui offrir une relation de « compagnonnage », au sens des Compagnons du Tour de France.
Une interview d’Arnauld Mitre, cofondateur de Coorpacademy by Go1, explique comment, selon lui, les plateformes de contenu doivent « s’adapter au collaborateur », en lui proposant des contenus dans le format qui lui convient à l’instant t. Par exemple, sur un même thème, on pourra trouver une vidéo de 3 minutes qui présente les fondamentaux, un cours d’une heure qui entre plus dans les détails ou une formation certifiante. Dans une surabondance de contenus (100 000 pour Coorpacademy), l’intelligence artificielle et l’éditorialisation permettent de créer des parcours personnalisés et adaptés aux contraintes d’organisation de chacun.
L’interview est visible ici.
Cette longue vidéo réalisée par des acteurs de la formation québécois présente toute la richesse des applications déjà disponibles en matière de formation industrielle en réalité virtuelle. Elle contient beaucoup d’informations, d’exemples visuels et de réflexions très concrètes et pragmatiques sur les applications des lunettes HoloLens 2 de Microsoft au développement continu des compétences en situation de travail.
Wooclap a diffusé au printemps une série de 5 courtes vidéos qui reprennent de façon didactique les mécanismes fondamentaux de l’apprentissage tels qu’analysés par les neurosciences. Voici la première de ces vidéos.
Centre Inffo propose chaque mois des vidéos pédagogiques sur l’actualité juridique. Celle de février se penche ainsi en détail sur les modalités de l’aide à l’alternance telle qu’elle existe depuis le 1er janvier 2023, et telle qu’elle devrait être reconduite jusqu’à 2027 au moins.
La vidéo de juin revient sur un point méconnu de la réforme des retraites du 14 avril 2023 : les dispositifs mis en œuvre pour favoriser la reconversion des personnes qui font un travail pénible, notamment les titulaires d’un compte professionnel de prévention (C2P).
Cet extrait du 19/20 de France 3 Nouvelle-Aquitaine en montre 2 exemples concrets de parcours de reconversion : un mécanicien devenu conducteur de bus, une tapissière venue du médico-social. Il y a au moins deux points communs entre ces deux parcours. La complexité des financements et du montage d’une part, avec du CPF, des fonds de Pôle emploi, du Transitions Pro, de l’alternance… Et beaucoup de dossiers. D’autre part, l’implication des entreprises est déterminante. Dans le premier cas, Vitalis (réseau de bus de Poitiers), peinant à recruter, a choisi d’anticiper et d’investir dans la formation de chauffeurs de bus. Dans l’autre, une tapissière a recruté en alternance et formé sur 3 ans son apprentie, devenue aujourd’hui son associée.
Crédit photo : Pixabay / Rawpixel.com
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