Le compte à rebours de la mise en œuvre du compte personnel de formation alimente largement les colonnes de la presse RH en cette fin d’année. Mais nous avons également épinglé d’autres articles à ne pas rater dont un focus sur le modèle français de la formation professionnelle, les chiffres clés des tendances 2014 d’achat de formation en entreprise, le nouveau président de l’ANDRH… Pour faire le point sur l’actualité de la formation professionnelle et pas uniquement celle de sa réforme, nous vous proposons cette revue de presse de décembre à partir des 6 sources suivantes :
1 – L’Inffo Formation (n°867) sur la mise en œuvre du CPF, son site internet et la future liste des formations éligibles
2 – Entreprises & Carrières (n° 1217) sur la réforme avec l’étude Perspectives 2015 de l’Agefos PME
3 – Entreprises & Carrières (n° 1220-1221) sur le baromètre emploi-formation 2014-2015 d’Opcalia, pointant notamment le manque de connaissance des entreprises sur le contenu de la réforme de la formation.
4 – Entreprises & Carrières (n° 1218) et son zoom sur les inquiétudes sur le financement du plan de formation
5 – L’Inffo Formation (n°868) sur les derniers décrets d’application de la loi du 5 mars, les spécificités du modèle français de formation professionnelle et les chiffres clés de l’achat de formation en entreprise
6 – Liaisons sociales (n° 157) sur la nomination de Jean-Paul Charlez à la tête de l’ANDRH et la formation à la qualité de vie au travail
Connectez-vous sur moncompteformation.gouv.fr !
L’inffo formation met à la une de son numéro « nouvelle formule » du 1er au 14 décembre le CPF, mesure emblématique de la nouvelle réforme de la formation. Le 26 novembre dernier, le site internet dédié à ce nouveau compte a été mis en ligne : moncompteformation.gouv.fr. Il adresse 3 cibles à travers 3 espaces : les titulaires du CPF, les employeurs puis les professionnels de l’emploi et de la formation professionnelle. Le journaliste Nicolas Deguerry revient sur la genèse du projet avec Catherine Dessein, chef de projet CPF à la DGEFP, et rappelle qu’à compter du 5 janvier 2105, le module de gestion du CPF, créé par la Caisse des dépôts, sera ouvert. Il pourra être alimenté en 2016 sur la base de l’activité 2015. Avant cela, seuls les titulaires de DIF pourront inscrire leur solde d’heures, qui leur aura été communiqué d’ici au 31 janvier 2015 par leur employeur et qui devra être utilisé d’ici au 30 décembre 2020. C’est bien entendu sur ce site que les listes de formations éligibles seront consultables. Pour accéder à sa liste personnalisée, le titulaire devra commencer par indiquer son statut (demandeur d’emploi ou salarié) et la région où il réside ou exerce son activité. Il devra également mentionner son domaine d’activité. Pour suivre l’actualité du compte personnel de formation, nous vous invitons d’ailleurs à vous abonner à sa newsletter.
Vers une baisse des versements des entreprises au plan de formation ?
Dans Entreprise & Carrières daté du 2 au 8 décembre 2014, Laurent Gérard extrait plusieurs chiffres-clés de l’étude Perspective 2015 d’Agefos PME (enquête menée par IPSOS par téléphone auprès de 500 dirigeants et RRH de TPE-PME du 9 au 23 octobre 2014) en lien direct avec l’évolution législative liée à la loi du 5 mars 2014 dont la suppression du 0,9%, CPF, entretien pro.
- 9% des dirigeants de TPE-PME affichent une bonne ou une très bonne connaissance de la réforme de la formation professionnelle.
- 26% des entreprises de plus de 10 salariés pensent continuer à effectuer des versements volontaires en 2016 sur le plan de formation, au-delà de l’obligation légale en forte diminution (81% le font aujourd’hui !)
- les employeurs de ces PME ne croient pas eu CPF : 32% pensent que le CPF intéressera leurs salariés (7% tout à fait) et 58% pensent le contraire (dont 3 sur 10 pas du tout).
- 34% des entreprises de plus de 50 salariés pensent qu’il sera difficile de former au moins 1 fois leurs collaborateurs tous les 6 ans et 75% pensent même qu’il sera « difficile de permettre à leurs salariés d’obtenir des éléments de certification par la formation ou par la VAE dans cette même séquence.
Inutile de rappeler qu’un vaste travail de communication est ainsi nécessaire pour encore mieux faire percevoir les enjeux et avantages de cette loi du 5 mars 2014, surtout auprès des TPE.
Ignorance du contenu de la réforme pour une large majorité de chefs d’entreprises ou RRH
Dans Entreprise & Carrières daté du 23 décembre 2014 au 5 janvier 2015, Laurent Gérard extrait plusieurs chiffres-clés cette fois du baromètre emploi-formation 2014-2015 d’Opcalia (enquête menée par Major Consultants pour Opcalia auprès de 500 chefs d’entreprise ou RRH du 27 octobre au 21 novembre 2014).
- 18% des entreprises déclarent connaître le contenu de la réforme, 22% l’existence de l’entretien annuel professionnel tous les 2 ans et 33% le CPF… Ces trois chiffres moyens cachent des disparités selon la taille des entreprises. Pour exemple : 75 % des entreprises de plus de 50 salariés ont entendu parler du nouveau compte contre 50% des entreprises de 10 à 50 salariés et 25% des TPE (page 4).
- 62% des entreprises pensent que l’impact de la réforme sera neutre.
- 85% des répondants pensent que la formation représente « un levier aussi bien pour la performance de l’entreprise que pour le développement des compétences des salariés » et 57% la considèrent comme « une priorité » (page 20).
- 67% des entreprises interrogées prévoient d’investir, logiquement, dans la formation professionnelle en 2015, contre 65% en 2014 (page 21).
Plus de 4/5 des entreprises ne connaissaient pas le contenu de la réforme en novembre ; espérons que le mois de décembre qui vient de s’écouler et les prochaines campagnes d’informations rempliront leur office à tous les niveaux des organisations.
Craintes sur l’impact de la fin du 0,9% sur le financement du plan de formation
Un financement conventionnel de branche n’a pas pris la suite de l’obligation légale fiscale, comme le relève Laurent Gérard dans Entreprise & Carrières daté du 9 au 15 décembre 2014. « On ne va pas remettre par le conventionnel ce qu’on a retiré via la fin de l’obligation légale » résume un négociateur du Medef : « libérées du 0,9%, les branches ne veulent pas d’une autre obligation. D’autant plus que la situation économique est très difficile ». Mais « la logique de négociations de branche a pourtant du sens » assure le juriste Jean-Marie Luttringer, qui observe que « les deux ANI de 2013 sur la sécurisation des emplois et sur la réforme de la formation sont deux textes politiques non étendus, le pouvoir normatif revient donc aux négociations de branches. » Et Carine Seiler de préciser que l’entretien professionnel devrait être cadré par une négociation de branche pour être efficace à la fois sur sa définition, ses processus, ses modalités, … « Sinon, rien ne sera comparable entre entreprises. » Il est également à noter que des réponses aux questions techniques n’ont encore été formulées par la DGEFP comme les rapports entre ressources fiscales restantes, obligation conventionnelle de branche et versements volontaires libres d’entreprises. Laurent Gérard conclut par le fait qu’une forme de concurrence nait entre logique de branche et logique d’entreprise, ce qui perturbe le débat.
Plus que quelques jours avant la publication des derniers décrets d’application
Pierre-André Imbert, directeur de cabinet de François Rebsamen, a annoncé lors d’une conférence de presse organisée sur le sujet par le ministère du Travail le 25 novembre 2014 que les derniers décrets d’application de la réforme devraient être publiés d’ici le 6 janvier 2015. Inffo Formation daté du 15 au 31 décembre 2014 rapporte également que, pour Mr Imbert, l’entretien professionnel sera l’occasion pour l’employeur de « repérer les faiblesses de ses salariés », ce sera le lieu de rencontre des aspirations de ces derniers et la stratégie de développement des compétences de l’entreprise.
Quelques tendances 2014 des achats de formation en entreprise via Centre Inffo
Ce même numéro de L’Inffo formation (n°868) révèle les résultats de l’enquête Achat formation en entreprise, réalisée par Centre Inffo auprès de 200 personnes en charge de la formation entre mai et septembre 2014 :
- dans 76% des entreprises, ce sont les directions de ressources humaines qui prennent les décisions d’achat
- 21,5% des entreprises anticipent les impacts de la nouvelle réforme
- 57% des entreprises achètent des formations certifiantes mais elles consacreront moins de 25% de leur budget à ce type de formation
- 89,5% des entreprises privilégient une consultation de gré à gré pour procéder à leurs achats formation
Le système de formation professionnelle : l’exception française est-elle exportable ?
Autre article à découvrir dans ce même numéro d’Inffo Formation, un tour d’horizon par Cédric Morin du système de formation professionnelle français à travers ses spécificités (droit à la formation pour les salariés et obligation de financement par les entreprises) et ses petits frères européens.
- « Le système est très intermédié en France contrairement à l’Allemagne et aux Pays-Bas où le lien entre bénéficiaires et organismes de formation est plus direct, avec un mécanisme de subvention qui repose sur un crédit d’impôt » précise Marc Ferracci, spécialiste de l’évaluation des politiques publiques.
- Le modèle français est un compromis entre la logique de marché et de droit garanti par la collectivité. Le marché de la formation est libre, mais aux États-Unis ou au Canada, la personne qui souhaite faire une formation doit se muer en chasseur de primes. Elle n’est pas soutenue pour la recherche et l’obtention de financement, indique Stéphane Diebold, Président de l’Affen
- Le principe du DIF français a été repris en Belgique ou en Angleterre sous la forme de chéquiers formation.
- « Les Allemands s’intéressent beaucoup au fonctionnement des OPCA (qui existent en Italie), la VAE est aussi considérée comme une très bonne pratique » ajoute Guy Tchibozo, l’expert de ces questions auprès du Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop).
Les classifications du Cedefop distinguent d’ailleurs 3 modèles :
- le modèle dit « corporatiste », dont font partie la France et l’Allemagne. Ce sont les interlocuteurs sociaux, en collaboration avec les pouvoirs publics, qui déterminent les 4 principaux aspects de la formation professionnelle : volume de formation consommé annuellement, contenu, normes, qualités et procédures, financement ;
- le modèle « dirigiste », comme la Bulgarie, avec une concentration des pouvoirs dans les mains de l’État ou des acteurs régionaux. Les partenaires sociaux ne sont pas consultés ;
- le modèle « libéral », comme la Grande-Bretagne et la Norvège, où tous les pouvoirs sont entre les mains des employeurs.
Un nouveau président à la tête de l’ANDRH
Jean-Paul Charlez, directeur général des ressources humaines du groupe Etam, succède à Jean-Christophe Sciberras, DRH et directeur des relations sociales du groupe Solvay, en tant que président de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) depuis le 9 décembre 2014, pour une mandature de deux ans. Dans l’édition de décembre 2014 de Liaisons sociales, le « patron des DRH » revendique son parcours de 30 ans dans les RH : « DRH, c’est un métier. On ne peut pas piloter une stratégie sociale sans connaître la technique et les contraintes. » Dans le communiqué de presse annonçant sa nomination à la tête de l’Association, il précise que « l’ANDRH doit être force de proposition sur tous les grands sujets sociaux et sociétaux ; elle doit être consultée et prendre part aux réflexions sur les réformes engagées au niveau national, le plus en amont possible».
Des RPS à la QVT en passant par la formation
Dans ce même numéro de décembre de Liaisons sociales Magazine, Anne-Cécile Geoffroy interviewe Emmanuel Abord de Chatillon, responsable de la chaire Management et santé au travail de l’IAE de Grenoble, sur ses travaux dédiés à la qualité de vie au travail au sein de collectivités territoriales (communes, conseils généraux). Selon lui, on observe une bascule du thème des risques psychosociaux (RPS) vers la qualité de vie au travail (QVT). Avec son équipe, son approche est celle de gestionnaires et non de psychologues. L’objectif est de déboucher sur des propositions managériales concrètes. Pour ce professeur des universités, la formation à la QVT est indispensable car elle produit de la performance : « Les entreprises doivent comprendre que s’occuper de la QVT, c’est avant tout s’occuper du travail, de son sens, des collectifs de travail. »
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