Comment garantir la qualité des formations ? Depuis 2014, le législateur requiert de tout organisme de formation qui souhaite bénéficier d’un financement public ou mutualisé qu’il respecte certains critères de qualité. La réforme de 2018 vient de modifier ce système, alors que les prestataires, pour beaucoup, en sont à intégrer le précédent. Va-t-il falloir tout recommencer ? Dans quelles conditions ? Que devient le Datadock ? Sans répondre à tout, les décrets qui viennent de sortir apportent certaines précisions.
Avant tout, rappelons que l’obligation de respecter les critères de qualité réglementaires ne s’applique aux organismes de formation que lorsqu’ils demandent une prise en charge de leurs prestations par l’un des grands financeurs de la formation :
Le respect des critères de qualité des formations n’est pas demandé dès lors que la prestation ne fait pas appel à ces financements : quand le client paie, la réglementation qualité ne s’applique pas. Or, la réforme de 2018 a réduit le champ des formations finançables par les fonds de la formation : désormais, les entreprises de 50 salariés et plus ne pourront plus demander la prise en charge de leur plan de formation par les Opco. On peut donc penser que la part « réglementée » du marché va se réduire. Il n’en reste pas moins que pour un organisme de formation, le non-respect des critères va continuer à fermer des opportunités.
Précisons que si le marché réglementé se réduit d’un côté, il s’accroît de l’autre : à partir de 2022, les Centres de formation d’apprentis (CFA) devront être labellisés comme les autres organismes de formation.
Le système mis en place en 2014-2015 instituait 6 critères de qualité, mais il laissait le choix entre deux modalités pour justifier de leur respect. Un système de labellisation existait déjà, mais le financeur pouvait aussi vérifier par lui-même que les critères étaient remplis. Pour être en règle, il y avait donc deux solutions :
La réforme de 2018 modifie ce système :
Ce nouveau système s’appliquera à partir du 1er janvier 2021.
Les labels obtenus auprès d’organismes habilités par le Cnefop n’auront plus cours au-delà du 1er janvier 2021. La plupart du temps, cependant, ces labels étaient délivrés pour une durée limitée. Il faudra, en tout état de cause, engager des démarches dès 2020 pour obtenir une nouvelle certification, dès que la liste des organismes habilités à les émettre aura été fixée par le Cofrac ou par France Compétences. Les organismes de formation qui disposent d’un label reconnu par le Cnefop bénéficieront cependant d’une procédure allégée pour obtenir les nouvelles certifications Cofrac : les durées minimales d’audit sont divisées par 2 (voire par 3 pour les plus grandes entreprises).
La nouvelle procédure de certification est plus exigeante et plus cadrée que la précédente. Auparavant, la réglementation ne fixait que les critères généraux dont devaient s’inspirer les organismes labellisateurs. Les décrets du 6 juin 2019 déterminent :
La procédure par laquelle France Compétences peut reconnaître à une « instance » la possibilité de certifier les organismes de formation semble moins encadrée. Cependant, le décret fixant les critères précise que « le processus de certification mis en œuvre par ces instances » doit impliquer « une autorité administrative » et présenter des garanties d’indépendance par rapport aux organismes à certifier. Il ne pourra donc pas s’agir d’une simple structure paritaire issue des Opco, par exemple.
Les décrets du 6 juin 2019 précisent les critères, le référentiel et les modalités de délivrance des certifications. On y apprend notamment que :
Un grand nombre d’organismes de formation ont choisi d’utiliser la plate-forme Datadock pour obtenir leur accréditation auprès des Opca/Opco – même si en principe, le fait d’être référencé sur le Datadock n’ouvrait pas automatiquement les portes des autres financeurs.
Cependant, le Datadock n’a jamais été un label de qualité des formations en tant que tel : il n’était qu’un moyen employé par les Opca pour vérifier par eux-mêmes la conformité des prestataires aux critères de qualité réglementaires. Cette voie de mise en conformité étant supprimée, il semble donc que le Datadock tel que nous le connaissons soit condamné. Attention cependant : les démarches entreprises auprès de cette plate-forme conservent leur utilité jusqu’au 31 décembre 2020.
La possibilité ouverte à France Compétences de reconnaître des instances certificatrices prépare-t-elle un « recyclage » du Datadock, dont la plate-forme serait reprise par une autorité indépendante ? C’est possible, mais ladite plate-forme devra évoluer significativement. Certes, quand on regarde le nouveau référentiel publié par décret, on retrouve la substance d’une grande partie des 21 indicateurs du Datadock (même s’ils sont formulés différemment). Mais ce nouveau référentiel compte 32 indicateurs au lieu de 21, et 7 critères au lieu de 6. Certains de ces indicateurs sont spécifiques à certains types d’organismes de formation, notamment les prestataires de la formation en alternance (professionnalisation ou apprentissage). L’instance reconnue par France Compétences ne pourra donc pas se contenter de décalquer le Datadock : elle devra le faire évoluer. Les organismes de formation référencés aujourd’hui devront refaire un dossier.
Le contrôle qualité des organismes de formation financés va donc se professionnaliser à partir de 2021. Cela suppose de nouvelles obligations pour les prestataires, en même temps qu’une certaine clarification : l’obligation de certification est désormais claire et univoque, ce qui n’était pas forcément le cas dans le système précédent. Il reste à voir comment les petits organismes de formation, très nombreux, arriveront à suivre.
Crédit photo : Shutterstock / Jirsak
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je songe, rêveur, au "choc de simplification" annoncé il y a quelques années...
Effectivement !
Bel article, mais qui, comme beaucoup d'autres, laisse le flou dans le devenir des formateurs indépendants. Nous sommes devenus "OF" par l'obligation de déclarer notre activité. Mais un grand nombre d'entre nous n'intervenons qu'en sous-traitance, et uniquement pour réaliser l'animation de la formation. La recherche de la qualité est légitime, mais nous sommes jugés directement en clôture de formation par les gens que nous avons formé. Si notre prestation est jugée médiocre, l'impact est quasi immédiat.
Assommer les OF à coup de charges financières ne sera jamais le baromètre de la qualité. Il y aura toujours des "gros" qui pourront se payer les certifications. Mais quelle est la garantie ? C'est en salle que ça se joue. C'est en salle qu'on voit si un formateur est à jour dans ses compétences. C'est en salle qu'on a le retour à chaud de la qualité du service d'un organisme.
Dommage de se tromper dans le développement et l'amélioration d'un système qui en a grand besoin.
Merci pour votre retour. En effet, aucun processus ne remplace la compétence du formateur !