Depuis la réforme de 2018, les entreprises de 50 salariés et plus ne peuvent plus financer directement leur plan de formation avec les fonds de la formation professionnelle. En compensation, l’accès à l’alternance, et en particulier à l’apprentissage, a été facilité. En particulier, les conditions d’embauche des apprentis ont été assouplies, et il est devenu plus simple de créer un centre de formation d’apprentis (CFA). Comment les entreprises et les salariés peuvent-ils bénéficier de ces changements ?
Les débats préalables à la réforme ont vu ressortir le serpent de mer de la fusion apprentissage/ professionnalisation. En France, en effet, il existe deux voies d’accès à la formation en alternance :
La loi « Avenir Professionnel » n’a pas finalement réalisé la fusion, mais elle a rapproché les deux dispositifs, de trois façons :
La « contribution unique à la formation professionnelle et à l’alternance » créée par la réforme simplifie la tâche des entreprises, mais représente surtout un changement de façade : elle se compose en réalité de la contribution à la formation (de 1% à partir de 11 salariés, 0,55% en-dessous) et de la taxe d’apprentissage de 0,68% (ou 0,44% en Alsace-Moselle), qui demeure.
A partir du 1er janvier 2021, la contribution unique sera perçue par l’Urssaf mensuellement, via la DSN. En attendant cette date, l’Opco continue à prélever les deux composantes de la contribution, suivant un calendrier complexe que nous détaillons ici. Les entreprises peuvent encore, jusqu’à 2021, verser leur taxe d’apprentissage aux Chambres de commerce et d’industrie (CCI) agréées pour le faire.
Comme nous l’évoquions déjà en début d’année, le contrat d’apprentissage connaît plusieurs modifications importantes :
Les entreprises et les branches ont désormais davantage de possibilités pour développer les formations en alternance qui leur conviennent. Auparavant, lorsqu’elles souhaitaient mettre en place une formation conforme à leurs besoins, les entreprises privilégiaient le contrat de professionnalisation. Avec la réforme, l’apprentissage devient particulièrement attractif.
Un mot d’abord sur la professionnalisation. La réforme l’affecte peu, si ce n’est sur deux points important :
La réforme a transformé les missions, les règles et le financement des CFA. La principale nouveauté est la suppression de l’autorisation du Conseil régional. Celui-ci était auparavant le premier financeur de l’apprentissage, et toute ouverture de CFA était soumise à son accord. La Région décidait donc de l’allocation des ressources de l’apprentissage sur son territoire. Les financements comme le pouvoir de décision passent désormais aux Opco, et donc aux branches professionnelles. Ce sont eux qu’il faudra contacter pour demander un financement de formation en apprentissage, mais aussi pour développer un nouveau CFA.
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De plus, la réglementation des CFA devient celle des organismes de formation professionnelle. Dès 2020, tous les CFA devront être déclarés comme organisme de formation, et donc faire leur déclaration d’activité à la Direccte, produire un bilan pédagogique et financier… A partir de 2022, ils devront en outre être certifiés qualité, comme tous les organismes de formation (à l’exception de certains CFA, en particulier ceux qui relèvent du public).
Le corollaire de ce changement est que tout organisme de formation peut créer un CFA en son sein, y compris les organismes de formation internes des entreprises. Schneider Electric a déjà franchi le pas, et d’autres grands groupes y songent.
Cette ouverture de l’apprentissage à l’initiative privée s’appuie sur un nouveau mode de financement.
La taxe d’apprentissage se simplifie. Jusqu’à 2018, elle était répartie en 3 composantes :
A partir de 2019, la taxe d’apprentissage est divisée en deux parties :
L’entreprise affecte directement les sommes issues de la fraction « barème » aux organismes de formation qu’elle désigne. Le reste (les 87%) est transmis à France Compétences qui le répartit ensuite entre les Opco. Ceux-ci allouent des financements aux CFA en fonction du nombre de contrats d’apprentissage, c’est-à-dire du nombre effectif d’apprentis. Le montant alloué par apprenti est fixé par les Opco, sur la base de recommandations émises par France Compétences. Plus précisément, les partenaires sociaux des branches (via les CPNE, ou commissions paritaires nationales de l’emploi) proposent des montants de prise en charge, France Compétences en tire des recommandations, qui sont soumises aux Opco. Si ceux-ci les refusent, c’est l’Etat qui tranche.
Le 13 mars, France Compétences a émis 6 728 recommandations, dont 98% ont été acceptées par les Opco (au 26 avril). Chacune de ces recommandations concerne une formation délivrée dans un CFA précis, et donne une fourchette de prise en charge par contrat. Concrètement, cela signifie que les formations correspondantes seront disponibles et finançables dès le 1er janvier 2020, voire le 1er septembre 2019 pour les contrats hors convention régionale – ce qui est le cas des nouveaux CFA. Il est donc possible de passer à l’acte dès aujourd’hui !
Avec cette réforme, le législateur entend bien passer la vitesse supérieure en matière de développement de l’apprentissage et de l’alternance en général. Pour les entreprises, cela signifie de nouveaux moyens d’accéder à des financements mutualisés et de mettre en place des formations en alternance adaptées à leurs besoins, via le contrat de professionnalisation ou l’apprentissage. Si la technicité des procédures reste élevée et plutôt réservée aux moyennes et grandes structures, le jeu peut en valoir la chandelle. L’accompagnement d’un expert de la formation sera un atout indéniable dans une telle démarche !
Crédit photo : Shutterstock / Monkey Business Images
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Bonjour,
Dans le paragraphe dédié à la professionnalisation, il me semble important de clarifier un point. Vous indiquez que "L’ancienne période de professionnalisation.......a été remplacée par Pro-A, qui cible les formations à des diplômes de niveau licence au maximum"
Le "plafond" de la Licence que vous évoquez ne concerne pas directement le niveau de formation visé mais d'abord le niveau "plafond" des salariés qui peuvent prétendre à ce dispositif.
Autrement dit, les salariés ayant un niveau > ou égal à un Bac + 3 ne sont pas éligibles à la PRO A.
Voici l'Article qui fait référence à ce point.
« Art. D. 6324-1-1.-Les salariés mentionnés à l'article L. 6324-2 sont ceux n'ayant pas atteint un niveau de qualification sanctionné par une certification professionnelle enregistrée au répertoire national des certifications professionnelles prévu à l'article L. 6113-1 et correspondant au grade de la licence. La reconversion ou la promotion par alternance permet à ces salariés d'atteindre un niveau de qualification supérieur ou identique à celui qu'ils détiennent au moment de leur demande de reconversion ou de promotion par l'alternance. »
Oui, tout à fait ! Nous l'expliquions bien dans notre article dédié à Pro-A. Merci pour votre vigilance ! J'ai modifié la formulation.
Et par ailleurs les salariés visés sont ceux qui n'ont pas atteint la licence, et non ceux qui ont atteint la licence au maximum. Corrigé également.