Caracolant autrefois en tête des achats de formation des entreprises, les langues perdent du terrain. Selon le 9e baromètre Place de la Formation, elles sont arrivées 3e en 2016, derrière la sécurité-qualité et le développement personnel. Difficile à mesurer précisément sur la durée, ces mouvements s’expliquent-il par la dernière réforme ? Sont-il durables ? Coups de projecteur sur l’évolution d’un marché en constante évolution – celui de la formation.
Comme chaque année, Place de la Formation propose son Baromètre de la formation professionnelle, établi à partir des demandes de formations qui lui sont parvenues. Sans porter sur l’ensemble du marché, l’enquête donne une bonne indication de son évolution.
Dans les 8 premières années du baromètre, les formations en langues ont tenu la première place, suivies (au moins depuis 2012) par l’informatique et le développement personnel. Ce trio de tête a été bousculé en 2015 par la sortie de l’informatique et l’arrivée des formations en sécurité-qualité, à la deuxième place puis, en 2016, à la première.
Le podium 2016 s’établit donc ainsi :
L’effet de la réforme de 2014 sur la progression des formations en Sécurité-qualité est spectaculaire en pourcentage. Entre 2012 et 2014, on évolue entre 7,9% et 9,5%. Puis, brusquement, en 2015, la part de marché passe du simple au double : 18,7%, puis 17,2% en 2016.
Place de la Formation suggère que la réforme a dû réduire les budgets formation globaux des entreprises, et donc accroître en proportion la part des formations obligatoires dans leur dépense totale. Si l’explication est juste, il est possible que le petit recul observé en 2016 par rapport à 2015 soit l’amorce d’une normalisation : si le marché repart sur une base plus concurrentielle et qualitative, une fois intégrées les innovations de la réforme, la part des formations obligatoires pourrait se réduire à nouveau. A noter qu’il y a une autre inconnue dans l’équation : le nombre d’obligations, qui peut aussi augmenter !
Les formations au développement personnel et à l’efficacité professionnelle, de leur côté, gagnent du terrain, mais de façon plus modeste : elles sont passées en 2016 d’un niveau situé entre 8,5 et 11% sur la période 2012-2015 à 14,7%. On pourrait imaginer que la « libération » de la dépense de formation des entreprises bénéficie notamment à des prestations plus individualisées, qui entreraient dans cette catégorie. Mais il faudra attendre les résultats des années suivantes pour savoir s’il s’agit d’une tendance de fond.
En proportion, la part des formations en langue a été divisée par deux depuis 2012, où elle s’établissait à 31,5%. L’effet de la réforme est ici très net : on passe entre 2014 et 2015 de 26,5% à 19,7%, puis à 14,6% en 2016.
L’explication est au moins double : la disparition du DIF, très largement utilisé pour financer des formations en langue (50% en 2014 selon Place de la Formation, 35% en 2006 selon la FFP et le GARF), a supprimé un moyen de financement très important pour les salariés. Et on se souvient que le CPF a tardé à prendre le relais, les formations en langues n’ayant été déclarées éligibles à ce dispositif qu’au compte-goutte à partir de février 2015, au fil des listes successives.
Autre explication possible : les règles de l’imputabilité qui prévalaient avant la réforme ont pu pousser autrefois certaines DRH à valider des formations en langues sans réel besoin pour l’entreprise, à seule fin de remplir l’obligation de dépense. Celle-ci une fois disparue, les « facilités » accordées se seront taries. On peut penser cependant que la montée en charge du CPF pourrait, à terme, contrebalancer cette tendance, en permettant aux salariés de se former de leur propre initiative hors temps de travail. C’est ce que confirment pour le moment les chiffres du CPF : en février 2017, deux des six certifications les plus souvent financées par le compte personnel de formation étaient des certifications de langues.
Il faut souligner que le recul du marché des formations en langues a commencé avant la réforme. Une étude de l’organisme de formation Linguaid montre qu’entre 2008 et 2014, le chiffre d’affaires du secteur a décru de 15%, en euros constants. L’observatoire économique de la FFP relève également une baisse des achats de formation en langues.
Les chiffres globaux sur les achats de formation ne sont pas faciles d’accès : le Jaune budgétaire donne des informations intéressantes sur le marché, mais on n’y retrouve que les dix premières spécialités de formation – parmi lesquelles, curieusement, ne figurent pas les langues. L’importance des formations de sécurité revient cependant dans toutes les études, quelle que soit la source ; ainsi que le recul relatif des langues, et le maintien de l’informatique, du management, du développement personnel. Avec la diversification des méthodes pédagogiques, la digitalisation, l’essor des formations en interne, il est d’ailleurs possible qu’il devienne de plus en plus difficile de tracer précisément la composition du marché ! L’effort global de formation des entreprises restera probablement un indicateur essentiel.
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