Ancien membre de la commission de normalisation AFNOR Formation Professionnelle et du TC 232, comité ISO qui a élaboré l’ISO 29990, François Galinou est aujourd’hui Président de l’ICPF & PSI (Institut de Certification des Professionnels de la Formation et de la Prestation de Service Intellectuel) et Directeur Associé de Pedagogic Agency. Nous l’avons interrogé sur la question de la qualité en formation dans l’attente du fameux décret d’application.
Management de la formation : – Bonjour Monsieur Galinou. Du fait de votre expertise sur les démarches qualité ISO en formation professionnelle, pouvez-vous tout d’abord définir la qualité en formation ?
La qualité c’est l’aptitude d’une entité de satisfaire des exigences. Le terme « exigence » est donc l’élément central. En formation professionnelle, définir les exigences comme les satisfaire et une mission complexe. Les 3 entités sur lequel il est possible d’agir pour obtenir la qualité sont les organisations, le service et la personne :
La particularité du service de formation est que sa qualité dépend de l’effort intellectuel de l’apprenant guidé par un professionnel. C’est une notion simple mais délicate à mettre en œuvre. En revanche, tout le monde comprend que le professionnalisme du formateur, surtout quand il est certifié, permet d’obtenir la satisfaction des exigences. Certifier la personne se fait dans l’immobilier où pour vendre un bien vous devez faire effectuer un diagnostic par un professionnel certifié.
Management de la formation : – Que certifie-t-on pour un organisme de formation ?
Le choix existe aujourd’hui entre 4 certificats : 2 certifications internationales ISO 9001 et ISO 29990, 1 certification française NF Service Formation et la qualification ISQ-OPQF (l’ISQ étant organisme de qualification des entreprises de prestations de services intellectuels et l’OPQF étant l’Office professionnel pour la qualification des organismes de formation professionnelle continue)
Le principe général est d’auditer son système de management – son fonctionnement, son organisation, sa communication interne et externe – pour satisfaire les exigences de ses clients.
L’auditeur, a fortiori le certificateur, doit s’assurer :
La France compte 50 000 organismes de formation enregistrés qui déclarent une activité. Aujourd’hui plus de 1 200 sont certifiés. Ce chiffre devrait être multiplié par 10. En revanche, il y a fort à parier que les autres n’obtiendraient pas la certification. Ils ne devraient pas être en mesure de prouver leur conformité et leur aptitude à faire de la qualité, tout au moins en tant qu’organisation. À titre de comparaison, l’Allemagne, où la certification est obligatoire pour bénéficier d’un financement public, compte 6 000 OF certifiés.
Management de la formation : – Comment est perçu l’audit au sein d’un organisme de formation ?
Aujourd’hui, ce n’est plus un choc culturel comme dans les années 1990. Auparavant, les collaborateurs avaient une notion floue de l’organisation, mais aujourd’hui, ils utilisent quotidiennement le concept de processus. Il n’y a plus de résistance, c’est « rentré dans le langage commun » et au-delà dans la culture d’entreprise.
Management de la formation : – Combien de temps pour obtenir une certification ?
Pour la certification ISO, il faut compter de 6 mois à 2 ans selon l’accompagnateur. Plus il maitrise l’environnement audité, plus la prestation est courte à raison de 1 ou 2 jours sur site par mois.
Management de la formation : – Côté formateur, quel est l’état du marché ?
J’estime que nous ne disposons pas de statistiques précises. Toutefois, après 20 ans d’existence, nous avons à l’ICPF & PSI des estimations. Il semble y avoir environ 200 000 personnes se réclamant de la fonction formation. Nous avons, d’une part, des indépendants représentés par la CFSC (Fédération des chambres syndicales des formateurs-consultants) ou le SYCFI (syndicat professionnel des consultants-formateurs indépendants) et, d’autre part, des salariés. Parmi eux, 40 000 consultants-formateurs professionnels avec une expérience solide forment notre cœur de cible à valoriser et distinguer. Notre activité se développe naturellement du fait de l’augmentation de l’exigence. Le client a besoin de repères pour prendre sa décision. Le formateur est un élément très visible et dont l’importance est perçue par tous quoique l’on en dise ou pense. Les organismes de formation qui font travailler des formateurs incompétents ou inexpérimentés nuisent à la profession et perdent des parts de marché.
Management de la formation : – Comment sélectionner un bon formateur ?
Tout d’abord, il y a quelques idées reçues auxquelles il faut tordre le cou. L’âge apparent, les cheveux blancs, ne rend pas compte de la compétence en management. La jeunesse non plus pour l’informatique ou les réseaux sociaux. Ainsi, un ex-directeur général de 50 ans qui commence à assurer des prestations de formation au management reste un débutant par rapport à un formateur en management de 40 ans qui pratique la formation depuis 10 ans.
Fort logiquement, j’incite les formateurs en activité régulière mais également les concepteurs, les managers à se faire certifier ICPF & PSI. Il est important dans le contexte actuel de se distinguer, surtout quand on réussit, et d’être en mesure d’apporter des preuves quand c’est nécessaire de son professionnalisme. Le référentiel de l’ICPF & PSI se base, essentiellement, sur les normes ISO 9001, ISO 29990 et NF X50-769. Le candidat à la certification doit se décrire en fonction de 8 critères :
Le formateur doit apporter des preuves pour être certifié. Sans activité, le formateur-consultant perd sa certification. J’ajoute que la moitié des certifiés sont des professionnels salariés dans des grandes entreprises. De la même manière, le client peut utiliser ce référentiel pour sélectionner son formateur ou son consultant. Je rappelle que ce référentiel est utilisé depuis plus de vingt ans. Il est éprouvé.
Management de la formation : – Quid des coachs ?
C’est un sujet délicat. Une partie de leur secteur d’intervention ne relève pas de la formation professionnelle, ce qui veut dire que leurs prestations ne sont pas finançables. Ceci introduit un doute sur l’ensemble des coachs. De ce fait, il y a très peu de coachs en activité réelle même si de nombreux coachs sont certifiés par des écoles. Ceux qui ont de l’expérience et des résultats devraient se faire certifier par l’ICPF & PSI plutôt que d’engranger des titres qui garantissent l’acquisition d’une méthode, qui n’est parfois pas la leur, mais pas une pratique réussie.
Vous retrouverez la suite de l’interview de François Galinou dans 10 jours.
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Suite à la réforme il faudrait abandonner le lien formation professionnelle et financement. Pour le plan de formation il n'y a plus d'imputabilité à gérer. La définition d'une action de formation est à revoir en cassant ce lien qui perdure avec le financement.
Merci pour cette contribution qui donne un panorama des enjeux importants et des outils qualité en formation, en attendant la sortie et la publication du dernier décret Qualité lié à la réforme de la formation professionnelle.
Ne doit-on pas considérer le label APP/AFNOR, comme une cinquième certification ouverte (à tous types d'OF), qui met justement l'accent sur l'activité de l'apprenant en autoformation accompagnée ? Voir Web-conférence du FFFOD sur ce sujet de mai 2015.
Plus d'infos : via http://www.app-reseau.eu/article/MzQHAA==/Afnor?PHPSESSID=ijk3al91i7i0bchojsasnj0sq5anet
Jean VDS - http://www.iapprendre.fr
Bonjour Jean Vanderspelden,
Excusez la réponse tardive.
Entre temps le décret est paru...
Je ne sais pas répondre instantanément à cette question technique. Il faudrait analyser ce label en fonction de la méthode 9 C que je décris dans mon essai "la montagne dans la brume" que vous trouverez sur mon blog. Il serait alors possible de situer ce label dans le système de références de la normalisation et de la certification. Sinon, vous pouvez également faire une analyse à partir des six critères du décret.
Bonjour Jean, bonjour François,
Je découvre cet article. Je me suis par conséquent intéressée de plus près au réseau APP, en lisant notamment le Guide (juin 2016) de Bénédicte Pinot. Indépendamment du grand intérêt pédagogique de ce dispositif d'Ateliers de Pédagogie Personnalisée, j'ai perçu qu'il était réservé au socle des 8 compétences-clés. Or, bon nombre d'organismes de formation, par ailleurs vraisemblablement sensibles au concept, n'oeuvrent pas dans ce domaine. Il s'agirait donc d'un label réservé effectivement à tous les OF, sous réserve qu'ils dispensent les thématiques liées auxdites compétences-clés ?
Exactement !
Finalement, mieux vaut être organisme certificateur plutôt qu'organisme de formation, puisque c'est là que le business se fait depuis une petite année.
Très chère qualité ...
Qui certifie les certificateurs ?
Merci pour votre contribution. Pour la question que vous posez, nous l'abordons justement en ces termes dans ce billet - mais l'emprunt du titre est involontaire !