Les financements publics et mutualisés de la formation professionnelle en entreprise fluctuent depuis 2020 en fonction de l’évolution des priorités gouvernementales. Qu’il s’agisse des subventions du FNE-formation, des aides à l’alternance ou d’autres dispositifs instaurés pendant la crise sanitaire, les règles changent d’année en année. Qu’en est-il en 2023 ?
Sommaire
Quelles aides financières à la formation dans le contexte post-Covid ?
Le FNE-Formation : quelles règles en 2023 ?
Les structures concernées : toute entité ayant une activité économique
Les actions financées : toute action de formation, bilan de compétences, VAE
Les prestataires de formation : externe ou interne
Les thèmes de formation : 4 axes prioritaires
Les dépenses financées et les taux de prise en charge
Quelles aides à l’apprentissage en 2023 ?
Les autres aides
L’histoire récente des aides financières aux entreprises en matière de formation continue des salariés se présente comme une pièce en 3 actes :
En moins de 10 ans, nous sommes donc passés d’un régime d’aides généralisées et durables à un système d’incitations conjoncturelles ciblées et redéfinies chaque année, sans réelle visibilité à moyen terme. Les entreprises et leurs responsables formation doivent s’adapter à cet environnement changeant.
En un sens, cette politique incitative correspond à ce que certains observateurs appelaient de leurs vœux il y a quelques années, en demandant l’instauration d’un crédit d’impôt pour les dépenses de formation. En modulant les dépenses éligibles à ce crédit, il aurait été possible d’orienter les achats en fonction des priorités politiques. C’est un peu ce qui se passe aujourd’hui avec les changements réguliers de ciblage des subventions.
Le Fonds national pour l’emploi (FNE) remonte au moins à 2013, dans le cadre de la politique dite « d’appui aux mutations économiques » mise en place par l’Etat. Mais c’est en avril 2020 que l’outil a pris de l’ampleur, avec sa mobilisation dans le cadre du volet « formation » du « quoi qu’il en coûte ». Il s’agissait de permettre aux entreprises de continuer à former leurs salariés pendant le confinement et la pandémie.
Le dispositif a déjà changé plusieurs fois de règles, tout en étant reconduit chaque année. En 2020-2021, il visait essentiellement les entreprises qui avaient mis en place des accords d’activité partielle. En 2021-2022, il a été réorienté vers le financement des reconversions et des entreprises en difficulté. En 2023, il est mobilisé pour d’autres priorités : transition écologique, numérique, alimentaire et agricole, accompagnement des JO.
Autre nouveauté, depuis le 1er juillet 2022 : les subventions FNE ne peuvent plus financer un projet de formation à 100%, ce qui restait possible pour les entreprises de moins de 300 salariés. Nous sommes sortis du régime de l’exception aux règles européennes, et il n’est plus possible de dépasser les 70%.
Voici les principales règles en vigueur en 2023, telles qu’elles sont détaillées dans une instruction de la DGEFP en date du 21 avril 2023 (mise à disposition sur le site de Centre Inffo).
Toutes les organisations engagées dans une activité économique, quel que soit leur statut, peuvent mobiliser le FNE-Formation pour former leurs salariés. Une association qui a une activité économique peut donc en bénéficier, de même qu’un artisan.
Il n’y a donc plus besoin d’avoir des salariés en activité partielle ou de justifier de difficultés économiques pour bénéficier du FNE.
Pas de changement pour ce qui est du type d’actions financées (hormis les thématiques). Sont éligibles :
Les actions doivent être organisées suivant un parcours de formation, conformément à la définition légale de l’action de formation. Mais elles n’ont plus besoin d’être « scénarisées » suivant l’un des 4 parcours thématiques imposés auparavant.
Les actions de formation doivent durer moins de 12 mois, et être prises en charge par le FNE avant le 31 décembre 2023. Elles peuvent donc s’étendre au-delà de cette date.
Les formations financées peuvent être délivrées par le service de formation interne si l’entreprise en a un.
Elles peuvent bien sûr être assurées par un organisme de formation externe, à condition qu’il bénéficie de la certification Qualiopi.
Pour être éligibles, les parcours de formation doivent s’inscrire dans 4 grandes priorités de politique économique :
Pour ces trois catégories de formation, les salariés de 55 ans et plus sont prioritaires, dès lors qu’il s’agit de les maintenir en emploi.
Le champ des dépenses éligibles n’est plus celui du FNE « exceptionnel », mais celui défini exclusivement depuis le 1er juillet 2022 par le règlement européen. A savoir :
Les taux de pris en charge de ces dépenses par le FNE, en cas d’accord sur le dossier, dépendent de la catégorie de taille à laquelle appartient l’entreprise. Cette catégorisation (qui est aussi celle de l’Insee) ne se fonde pas uniquement sur les effectifs.
L’employeur doit assumer le complément de financement. Il peut néanmoins recourir aux fonds conventionnels de l’Opco, et bien sûr à ses versements volontaires. Il existe un plafond de 3 M€ par projet de formation.
Mises en place un peu après les subventions FNE, à l’été 2020, les aides exceptionnelles à l’alternance ont fait littéralement exploser le nombre de contrats d’apprentissage signés. Reconduites jusqu’à la fin de 2022, elles ont changé de conditions d’attribution et de montant au 1er janvier 2023. Selon un communiqué de presse gouvernemental qui doit encore être confirmé par un décret, le niveau des aides sera maintenu jusqu’à 2027, soit la fin du quinquennat.
Les conditions sont détaillées dans cet article. En résumé :
Même si la réforme de 2018 a, pour l’essentiel, supprimé les aides formation aux entreprises moyennes et grandes, certains financements demeurent.
Les aides à l’apprentissage sont, de loin, les subventions les mieux connues et les plus utilisées par les entreprises. Le recours au FNE reste mal connu, les chiffres nous parvenant avec plusieurs années de retard. Les règles changeant chaque année, une veille est nécessaire. Il reste que des fonds sont réellement disponibles pour venir réduire la note du plan de développement des compétences. C’est une partie de l’expertise du responsable formation que de savoir les identifier, avec l’aide des Opco et des prestataires de gestion de la formation externalisée.
Crédit photo : Shutterstock / panuwat phimpha
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