Comme à chaque rentrée, un grand nombre d’entreprises sont engagées – parfois depuis avant l’été – dans le recueil des besoins de compétences auprès des salariés. L’objectif est d’alimenter ce qu’on appelait hier le plan de formation, et qu’on nomme, depuis la réforme, le plan de développement des compétences. Que cache ce changement de nom ? Et quelles en sont les conséquences concrètes pour les entreprises et le métier de responsable de formation ?
Le passage du plan de formation au plan de développement des compétences va plus loin qu’un simple changement de nom. Comme nous l’expliquait Jean-Pierre Willems sur ce blog, « la notion de développement des compétences est plus large que celle de formation ; elle inclut également les actions de développement personnel, par exemple. » Surtout, elle va de pair avec un changement de posture dans les politiques publiques en faveur de la formation : « On fixe un objectif, le développement des compétences, et on fait confiance à l’entreprise pour le choix des moyens », poursuivait l’expert.
L’entreprise, de ce fait, est plus libre dans la conception et le déploiement de sa stratégie de formation, même si l’obligation demeure – notamment par le biais de l’entretien professionnel des 6 ans. Cette responsabilisation s’inscrit clairement dans l’esprit de la loi.
Au-delà du nom, il y a 4 différences principales entre le plan de développement des compétences et l’ancien plan de formation.
Au-delà de ces différences, le plan de développement des compétences hérite beaucoup de caractéristiques de son prédécesseur.
Le plan de développement des compétences reste un plan, c’est-à-dire à la fois un outil de planification stratégique et un support de gestion et de suivi qui permettra la mise en œuvre, tout au long de l’année, de la politique de formation.
Par ailleurs, tout comme le plan de formation, le plan de développement des compétences fait partie de ces objets juridiques un peu curieux qui ne sont en principe pas obligatoires, mais fortement recommandés. Dans le code du travail, il apparaît à l’article L6312-1, comme étant mis en place par l’employeur « le cas échéant ». Mais on le retrouve mentionné explicitement parmi les éléments à aborder lors de deux des 3 consultations annuelles obligatoires du comité social et économique :
Courant dans les grandes entreprises, le plan de développement des compétences pourrait devenir plus fréquent dans les plus petites, dans la mesure où les entreprises de moins de 50 salariés vont bénéficier de davantage de financements. Préciser : ce plan fait l’objet des grandes orientations (1re consultation) ; présenté dans la 3e ; en même temps, on fait le plan réalisé de l’année n-1 et de l’année en cours.
Enfin, le plan de développement des compétences reste, comme on vient d’y faire allusion, lié au calendrier annuel des consultations. D’où sa saisonnalité automnale, héritée d’un passé encore récente : rappelons qu’avant 2016, le calendrier des consultations obligatoires des représentants du personnel était fixé par la loi. Les orientations en matière de formation professionnelle devaient être présentées avant le 1er octobre, le plan de formation avant le 31 décembre. Depuis, ce calendrier obligatoire a été supprimé, même si le sujet « formation » doit toujours être abordé au cours de deux des trois grandes négociations créées par la loi Rebsamen. La date des consultations est laissée à la décision des entreprises, mais l’habitude étant prise, l’automne reste la saison du plan ! Centre Inffo citait ainsi fin août une étude Comundi selon laquelle près de la moitié des entreprises n’avaient pas encore engagé de plan de développement des compétences. Ce chiffre n’a en soi rien d’inquiétant. On peut même le lire à l’envers : plus de la moitié des entreprises ont entamé la démarche !
Les règles du jeu du recueil des besoins de formation ne changent pas en profondeur. Les mêmes arbitrages sont à faire :
>> En savoir plus sur le nouveau contexte du recueil des besoins de formation
Les nouveautés en matière de recueil des besoins découlent des changements décrits plus haut :
En soi, le fait d’être passé du « plan de formation » au « plan de développement des compétences » modifie le rôle du responsable formation (parfois lui-même rebaptisé « responsable du développement des compétences ») : il apparaît moins en charge des dépenses de formation et davantage responsable d’un véritable investissement au bénéfice du capital humain. La loi ne crée pas cette évolution, anticipée par de nombreuses entreprises, mais elle tend à en faire la norme et à la diffuser en direction des plus petites entreprises. Le recueil des besoins de formation et la constitution de ce premier plan de développement des compétences donnent cette année des arguments supplémentaires aux responsables formation et RH pour mettre en avant ce rôle rénové.
Crédit photo : Shutterstock / G-Stock Studio
Si vous souhaitez vous inscrire à la newsletter mensuelle du blog MANAGEMENT DE LA FORMATION : rendez-vous ici.
Découvrez le site RHEXIS, l’externalisation au service de la gestion de votre formation.
Retrouvez les articles qui peuvent vous intéresser sur un thème proche :
Une étude et une infographie Apave apportent un éclairage bienvenu sur l'état de l'externalisation de…
La création de France VAE rationnalise l'accès à la validation des acquis de l'expérience. Pour…
Le social learning désigne l'ensemble des méthodes et processus par lesquels nous apprenons en interaction…
Intelligence artificielle générative, digital, reste à charge du CPF, France VAE... Tour d'horizon de l'actualité…
L'entretien annuel d'évaluation est un acte de management qui rythme la vie des collaborateurs et…
La négociation entamée par les partenaires sociaux autour de Pacte de la vie au travail…