Le marché de la formation s’est stabilisé en 2018, selon le 21e observatoire économique de la Fédération de la formation professionnelle (FFP). Les organismes de formation voient clairement la réforme comme une opportunité, mais attendent d’en savoir davantage sur certains points clés comme le CPF ou Pro-A. Ils affichent comme priorités le développement commercial et la digitalisation de l’offre.
Compilant cette année les réponses d’un quart de ses 651 adhérents, l’observatoire économique de la FFP permet traditionnellement de prendre la température du marché de la formation, dans l’attente des chiffres plus globaux donnés par le Jaune budgétaire.
En 2018, selon la FFP, les organismes de formation étaient 43% à déclarer une marge brute stable, soit 12 points de plus que l’année précédente. Les organismes annonçant une hausse, à l’inverse, ont perdu 13 points, à 30%. L’étude évoque également une légère progression du chiffre d’affaires par organisme (de 3,102 à 3,150 millions d’euros), mais cette augmentation était observée fin 2017.
On peut donc faire l’hypothèse que l’activité de la formation professionnelle s’est stabilisée en 2018. Ce résultat est cohérent avec le ralentissement de la croissance française (1,5% en 2018 contre 2,3% en 2017, selon l’Insee), ainsi qu’avec la période d’incertitude traditionnellement ouverte par les processus de réforme : la loi « Avenir professionnel » a en effet fait l’objet d’un débat tout au long du premier semestre, avant d’être signée le 5 septembre 2018.
Les organismes de formation sont quasi-unanimes à voir dans cette réforme une source d’opportunités : 98% d’entre eux sont de cette opinion ! C’était, en tout cas, leur avis à l’automne 2018, avant la publication des décrets.
8 organismes sur 10, en particulier, se réjouissent de l’élargissement de la définition de l’action de formation. La réforme, en effet, inclut explicitement dans cette dernière la formation à distance et la formation en situation de travail, ce qui sécurise et étend le champ des actions remboursables sur fonds publics ou mutualisés. Les organismes peuvent y voir légitimement des perspectives importantes d’enrichissement de leur offre de formation, d’autant que la digitalisation de celle-ci fait partie explicitement de leurs principales priorités pour l’avenir immédiat (pour 8 organismes sur 10).
Ainsi, 72% des organismes voient dans la réforme l’occasion de développer une nouvelle offre, 69% pensent en profiter pour se diversifier vers des formations certifiantes, et les deux tiers estiment que le nouveau contexte leur permettra de toucher de nouveaux publics. On peut penser en effet que le CPF monétisé ou la transformation du CIF en CPF de transition, qui simplifient le recours aux financements de la formation, sont susceptibles d’amener davantage de particuliers à se former par eux-mêmes, sans intermédiaires. La moitié des organismes, cependant, attend d’en savoir plus sur ces deux nouveautés pour se prononcer. Il en va de même de 60% d’entre eux sur Pro-A, le dispositif qui remplace la période de professionnalisation. On se souviendra néanmoins que l’enquête a été effectuée avant la parution des décrets, qui ont depuis précisé ces différents aspects de la réforme.
Du côté des achats de formation, l’effet du CPF se fait sentir : la part des organismes qui délivrent des formations éligibles a gagné 24 points depuis 2016, pour atteindre 88%. Effet collatéral, 84% d’entre eux proposent des formations diplômantes, certifiantes ou qualifiantes, contre 74% en 2016. Le développement du certifiant reste prioritaire pour les trois quarts des adhérents de la FFP. On assiste bien à une tendance de fond vers une généralisation de la certification. La réforme, qui entend rationnaliser et centraliser ce foisonnement, infléchira-t-elle cette évolution ? Il faudra attendre quelques années pour le savoir.
Du côté des thématiques de formation, les organismes adhérents de la FFP voient monter particulièrement trois domaines : les formations au management, les formations aux fonctions supports de l’entreprise, et les services à la personne et aux collectivités. De façon surprenante, les soft skills sont plutôt en recul parmi les domaines jugés porteurs par les organismes. De nombreuses études soulignent pourtant le poids accordé aux compétences comportementales par les entreprises. Une enquête de Pôle emploi révélait par exemple en 2018 qu’elles étaient jugées plus importantes que les compétences techniques par 60% des recruteurs. Pourquoi cette relative désaffection pour les formations qui les visent ? Faut-il y voir l’indice d’un scepticisme des entreprises vis-à-vis de leur efficacité, ou le souhait de se recentrer sur des formations plus « concrètes » ? De fait, l’optimisation budgétaire apparaît au premier rang des préoccupations des clients.
La FFP a connu une croissance de 12% en nombre d’adhérents entre fin 2016 et fin 2017.
Rappelons que, selon le Jaune budgétaire pour 2019, la France comptait 68 000 organismes de formation en 2016. La FFP réunit cependant des organismes sensiblement plus importants que la moyenne, puisque leur chiffre d’affaires moyen s’établit à 3,15 millions d’euros (en 2017), contre 210 000€ pour l’ensemble des organismes (chiffre 2016).
Le chiffre d’affaires global des adhérents de la FFP dépassait les 2 milliards d’euros fin 2017, soit un peu moins du cinquième du chiffre d’affaires global des organismes de formation privés. Ils ont formé 5 millions de stagiaires en 2017, soit près du quart des stagiaires formés par le privé. Les associations représentent un quart des adhérents de la FFP, ce qui est cohérent avec la proportion de structures à but non lucratif dans l’ensemble des organismes de formation privés.
Illustration : FFP
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