Avec la réforme de la formation du 5 septembre 2018, dont beaucoup de mesures entrent en vigueur au 1er janvier 2019, l’exercice annuel du recueil des besoins de formation doit tenir compte de nouveaux paramètres : obligation de formation renforcée, redéfinition de l’action de formation, CPF entièrement à la main du salarié, évolution de la période de professionnalisation… Quels sont les nouveaux éléments à prendre en compte pour un responsable formation ? Nous les résumons en une contrainte (rénovée mais pas nouvelle) et 3 opportunités.
Depuis 2014, les employeurs sont tenus d’organiser un entretien professionnel au moins une fois tous les deux ans pour chaque salarié. Tous les 6 ans, l’entretien est l’occasion de faire le point sur le parcours du salarié, en regardant notamment s’il a reçu 1) une formation, 2) une certification ou 3) une promotion (salariale et/ou professionnelle). Jusqu’à la réforme de 2018, les entreprises de 50 salariés et plus devaient être en mesure de cocher au moins deux de ces trois cases pour chaque collaborateur (en plus du respect de la périodicité de l’entretien professionnel), sous peine de verser une pénalité de 3000€ par salarié.
Avec la réforme, les employeurs continueront à effectuer cet entretien récapitulatif des 3 ans, et seront toujours tenus d’examiner les 3 points mentionnés ci-dessus. Mais l’obligation à respecter pour ne pas payer la pénalité (dont le montant n’est pas encore fixé mais devrait être équivalent) sera différente : il faudra désormais prouver que l’on a organisé au moins une action de formation non obligatoire (c’est-à-dire non imposée par la loi ou la règlementation) pour le salarié.
En clair, les employeurs doivent organiser au moins une formation (non obligatoire) par salarié tous les 6 ans. La règle est plus simple que la précédente, plus lisible, mais aussi plus facile à contrôler. Pas moyen de considérer l’obligation comme remplie avec une augmentation de salaire symbolique et une formation Caces qu’il aurait fallu faire de toute façon…
A partir du 1er janvier 2019, le plan de formation devient « plan de développement des compétences ». Et l’action de formation acquiert une nouvelle définition, très large : « un parcours pédagogique permettant d’atteindre un objectif professionnel ». Il peut s’agir – et c’est précisé explicitement – de formation en tout ou partie à distance ou de formation en situation de travail (FEST). Cela ne signifie pas que l’on pourra faire passer tout ce que l’on souhaite pour de la formation : la formation, et en particulier la formation à distance et la FEST restent encadrées par un formalisme précis – qui sera encore précisé par de futurs décrets. La FEST a fait l’objet d’une expérimentation sur 3 ans dont les résultats ont été rendus cet été, avec des préconisations qui devraient servir d’inspiration à la réglementation. Mais au total, il reste que l’entreprise aura davantage de liberté dans la constitution des parcours de formation. Il sera donc possible d’être plus créatif dans la réponse aux besoins de formation des salariés.
Le Compte personnel de formation (CPF) passe en euros au 1er janvier, et sera mobilisable directement via une appli pour smartphone par les salariés à l’automne 2019. Auparavant, ils devaient passer par leur Opca. Pourquoi est-ce une opportunité ? Les salariés auront la main sur la mobilisation de leur CPF, et le fait qu’il soit libellé en euros sera une incitation supplémentaire à y recourir. Mais dans le même temps, les montants (500€ par an, 800€ pour les non qualifiés) seront relativement faibles, au regard du coût des formations. Les salariés seront davantage susceptibles d’être séduits par un complément de financement apporté par l’entreprise.
La loi Avenir Professionnel offre des perspectives intéressantes en matière de dialogue social relatif à la formation. Elle permet notamment de fixer par accord des conditions différentes d’appréciation du parcours professionnel, dans le cadre de l’entretien professionnel récapitulatif tenu tous les 6 ans. Par exemple, il est possible d’aménager la périodicité des entretiens (tout en restant sur 3 entretiens par période de 6 ans). Mais on peut également choisir d’autres critères d’appréciation du parcours que les 3 critères prévus ; ou encore, prévoir des modalités d’abondement du CPF des salariés.
Que l’on se situe dans un recueil des besoins en « top-down » ou en « bottom-up », la réforme peut être l’occasion de structurer davantage et de dynamiser sa politique formation. La question de l’outillage et de l’accompagnement se pose plus que jamais : effectuer le recueil, capitaliser les données, suivre l’obligation de formation pour chaque salarié, gérer les relations avec les financeurs, concevoir et diffuser un catalogue de formations… Tout cela exige des processus rigoureux – ou l’amélioration des processus existants – afin d’optimiser l’investissement formation. Le déploiement d’un LMS étendu et/ou le recours à l’externalisation sur tout ou partie de ces missions sont des pistes à envisager sérieusement.
Crédit photo : fotolia/Andrey Popov
Si vous souhaitez vous inscrire à la newsletter mensuelle du blog MANAGEMENT DE LA FORMATION : rendez-vous ici.
Découvrez le site RHEXIS, l’externalisation au service de la gestion de votre formation.
Retrouvez les articles qui peuvent vous intéresser sur un thème proche :
La création de France VAE rationnalise l'accès à la validation des acquis de l'expérience. Pour…
Le social learning désigne l'ensemble des méthodes et processus par lesquels nous apprenons en interaction…
Intelligence artificielle générative, digital, reste à charge du CPF, France VAE... Tour d'horizon de l'actualité…
L'entretien annuel d'évaluation est un acte de management qui rythme la vie des collaborateurs et…
La négociation entamée par les partenaires sociaux autour de Pacte de la vie au travail…
Les technologies de réalité augmentée (AR) appliquées à la formation des salariés en entreprise se…