En matière de santé et de sécurité au travail, l’employeur est tenu à une obligation de résultats (jusqu’à un certain point). La formation figure explicitement parmi les moyens à mobiliser pour y satisfaire. Si le cadre réglementaire est plus précis dans le secteur industriel, les services ne sont pas exemptés. Mais sait-on toujours clairement ce qui relève de l’obligation, et ce qui découle d’un choix managérial ? Comme toujours, le mieux est d’intégrer les obligations dans une politique RH ambitieuse, pour transformer les contraintes de conformité en opportunités de performance managériale.
Le code du Travail impose à l’employeur de prendre « les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs » (article L. 4121-1). Ces mesures incluent « des actions d’information et de formation ».
Sur la sécurité en particulier, le code (L. 4141-2) précise les situations dans lesquelles une formation est requise :
Bien sûr, ces obligations restent largement théoriques si elles ne sont pas appliquées précisément à des situations de travail. La loi prévoit un cadre général et précise nombre de cas particuliers.
Le cadre général est celui de l’évaluation des risques. Tout employeur est tenu d’évaluer l’ensemble des risques auxquels peuvent être exposés les salariés, qu’il s’agisse de l’utilisation des équipements de travail, des substances manipulées, de l’aménagement des lieux de travail et de la définition même des lieux de travail. Tous ces éléments sont formalisés dans le Document unique d’évaluation des risques professionnels, que toutes les entreprises doivent réaliser et tenir à jour au moins une fois par an, quelle que soit leur taille et leur secteur d’activité. Le document liste également les moyens déjà mis en œuvre et à déployer pour limiter les risques identifiés ; des actions de formation figurant éventuellement parmi les moyens en question.
Pour aider les entreprises à réaliser ce document, l’INRS, l’Assurance Maladie et la Sécurité sociale ont établi une liste de 18 familles de risques. Un rapide coup d’œil à cette énumération montre assez clairement que l’industrie est davantage ciblée que le tertiaire :
Dans les entreprises de services, en particulier les activités de bureau, la tentation peut être grande de réaliser un document unique assez minimaliste. Pour l’essentiel, celui-ci contiendra sans doute essentiellement des éléments d’aménagement de l’espace de travail : éviter les risques de chute d’objets, veiller à la circulabilité des locaux, à ce que chacun ait un espace suffisant, à la température des lieux, mais aussi à l’ergonomie des postes de travail… Au total, peu de mesures requérant de la formation.
Un domaine plus délicat à aborder est celui des risques psycho-sociaux, qui relèvent de la 18e famille. Comment les inclure dans une évaluation a priori ? Pour les métiers de contact avec la clientèle, en particulier dans les métiers exposés à des risques d’agression, il est possible d’identifier les dangers potentiels, et d’y répondre éventuellement par une formation adaptée (pour aider à repérer les situations de risque et à adopter les comportements qui conviennent).
Mais les risques psychosociaux, à l’instar du fameux burn-out, par exemple, sont souvent le révélateur de problèmes organisationnels et managériaux, difficiles à faire figurer en tant que tels dans le document unique. La prévention de ces risques repose d’abord sur le management, la gestion des charges de travail, l’autonomisation des salariés… Elle peut donc passer par une formation des managers. Celle-ci peut intervenir suite à l’élaboration en amont d’une stratégie managériale, mais aussi suite à des préconisations du service de santé au travail.
Lorsque des problèmes se sont déclarés, c’est-à-dire lorsque des affections psychologiques ont été diagnostiquées, il est possible – et même indispensable – de les faire figurer dans l’évaluation des risques, en précisant les actions mises en œuvre et planifiées pour prévenir leur survenue dans l’avenir. Celles-ci peuvent inclure des actions de formation, notamment en direction des managers.
Les obligations de formation sont plus précises dans l’industrie, ou dans les services qui requièrent la manipulation d’objets, de machines et de substances. L’article R. 4141-15 précise les tâches pour lesquelles une formation est requise, à chaque création ou modification de poste, pour chaque collaborateur concerné :
Ces formations obligatoires sont parfois sanctionnées par des certifications, à l’instar du Caces pour ce qui est de la conduite d’engins de chantier.
Les exigences de santé et de sécurité au travail se traduisent également par des obligations en matière de formation de certains salariés.
La gestion de ces obligations n’est pas une mince affaire. Dans une petite entreprise, la ressource manque pour s’en informer et déployer les efforts nécessaires ; dans une grande, les obligations se multiplient rapidement et il n’est pas toujours facile d’être à jour. Le meilleur moyen de se prémunir reste d’intégrer les contraintes réglementaires dans une stratégie RH et managériale ambitieuse, faisant usage des formations requises dans une vraie optique d’amélioration des conditions de travail, d’engagement des collaborateurs et de gestion des parcours. Un rôle que la RH aura d’autant plus de facilité à tenir si elle externalise toute la dimension administrative et technique de la gestion des formations obligatoires.
Crédit illustration : fotolia/adam121
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Espérant que tous les employeurs sachent ces obligations ainsi que le salarié .