Cet article a fait l’objet d’une nouvelle version mise à jour en mars 2019
Dans la première partie de ce diptyque, nous avons évoqué la définition générale de ce que le droit du travail considère comme une formation, en rappelant son importance pour les entreprises. Nous nous proposons d’évoquer à présent les critères qui peuvent s’ajouter à cette définition dès lors que l’on passe à la pratique : l’achat effectif de formation. Suivant les cas de figure ou les financements mobilisés, les conditions à respecter varient. Pour la plupart, il s’agit d’éléments connus, mais il n’est pas inutile de les rassembler au propre sur une même page !
Les actions de formation professionnelle peuvent avoir lieu sur le temps de travail du collaborateur – avec maintien de sa rémunération – ou en dehors – partiellement ou totalement. Deux critères conditionnent cette variable : l’initiative de la formation (employeur ou salarié) et son contenu.
Les formations entreprises à l’initiative de l’employeur peuvent relever de deux catégories (article L6321-1 du code du Travail) :
Le salarié peut également prendre l’initiative de se former, par plusieurs canaux.
Dès lors que l’employeur (ou le salarié) sollicite un apport de l’un des grands financeurs de la formation professionnelle, l’organisme de formation auquel il fait appel est tenu de respecter certains critères de qualité, au nombre de 6 (articles L6316-1 et R6316-1).
Les financeurs en question sont :
Une formation co-financée par une Chambre de commerce et d’industrie, une commune ou une association interprofessionnelle, par exemple, peut en revanche être délivrée par n’importe quel organisme de formation, sans souci des 6 critères.
En pratique, si un employeur souhaite faire financer une action de formation, par exemple par son Opca, en recourant à un prestataire précis, il lui faut vérifier que celui-ci est bien reconnu par l’Opca comme remplissant les critères réglementaires de qualité. Dans le cas contraire, il ne sera pas remboursé de sa dépense.
Il y a deux façons complémentaires de vérifier si un organisme remplit les critères :
La nécessité de valider ces critères s’applique à tout type de prise en charge proposée par les financeurs, qu’il s’agisse de sommes issues du compte personnel de formation (CPF), ou destinées au congé individuel de formation (Cif), au contrat ou à la période de professionnalisation…
Les Opca utilisent souvent le terme « éligible » dans le sens plus large de « formation finançable » – c’est-à-dire remplissant toutes les conditions nécessaires pour une prise en charge. Dans les textes, cependant, l’éligibilité concerne avant tout les formations finançables par le biais du compte personnel de formation (articles L6323-1 et suivants).
Attaché à l’individu, alimenté en heures au long de la carrière de celui-ci, le CPF est mobilisable, comme on l’a vu, sans l’accord de l’employeur hors temps de travail. Il peut aussi être utilisé pour financer une formation sur le temps de travail, à condition qu’employeur et salarié en soient d’accord. L’employeur ne peut pas imposer au salarié de mobiliser son CPF.
Créé par la réforme de 2014, le CPF est très encadré dans son utilisation : il ne peut financer que des formations sanctionnées par une certification. En outre, cette certification doit figurer les listes d’éligibilité. Celles-ci sont régulièrement mises à jour par les partenaires sociaux. En outre, la loi ajoute régulièrement de nouveaux types d’actions éligibles, comme, récemment, le bilan de compétences, l’aide à la création d’entreprise ou le permis de conduire.
Les listes sont disponibles sur le site moncompteformation.gouv.fr.
Pour financer sa formation avec le CPF, toute la pyramide des obligations s’impose donc :
En résumé, dès lors que vous ne demandez aucun financement, que vous êtes en règle avec vos obligations de formation et que la formation que vous souhaitez fournir à vos collaborateurs s’effectue sur leur temps de travail, rien ne vous empêche de faire appel à qui bon vous semble, sans vous préoccuper de critères de qualité, d’éligibilité, de finalité ou d’organisation. La formation n’est pas une profession réglementée. Mais le responsable formation, comme tous ses collègues de l’encadrement, est tenu de maîtriser ses coûts. Une partie de son métier consiste donc à rechercher des montages qui réduisent à la fois la facture et le risque juridique pour l’entreprise. Ce qui suppose de connaître sur le bout des doigts les différents niveaux de définition de l’action de formation. C’est une part importante de sa valeur ajoutée, qui n’est pas près de disparaître !
Crédit illustration : ©Fotolia/momius
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