24%, c’est la part des entreprises pour qui l’accompagnement du changement est la principale raison de former les collaborateurs. Une moyenne qui cache d’importantes disparités entre secteurs, et entre PME et grandes entreprises. C’est l’un des enseignements de l’enquête Defis, conduite par le Cereq, et dont les premiers résultats ont été rendus publics en mars 2016. Que nous disent ces chiffres sur les usages des entreprises en matière de formation des salariés ?
Prises globalement, les entreprises sont un peu moins d’un quart (24%) à considérer avant tout la formation comme un outil d’accompagnement du changement. Un gros tiers, en revanche, forme ses collaborateurs essentiellement pour respecter des exigences réglementaires. Ces proportions varient considérablement avec la taille de l’entreprise considérée : les plus grandes apparaissent beaucoup plus tournées vers des politiques de formation proactives que les plus petites. L’enquête Défis (Dispositif d’enquêtes sur les formations et itinéraires des salariés), qui nous livre ces résultats, porte sur les pratiques de formation dans les entreprises de 10 salariés et plus en 2014. L’enquête Defis, qui se propose de suivre 16 000 salariés et 4 500 entreprises entre 2015 et 2019, nous permettra d’en juger. Pour le moment, elle nous offre un tableau pré-réforme.
Pourquoi forme-t-on ?
Les entreprises de plus de 500 salariés sont en effet plus de la moitié à former leurs collaborateurs dans le but prioritaire d’accompagner les changements au sein de l’organisation. Il ne s’en trouve que 15% pour se focaliser sur les formations obligatoires. Les plus grandes entreprises, disposant d’une direction des ressources humaines et de moyens plus importants, sont davantage à même d’anticiper leurs besoins en matière de formation des salariés et de développer des politiques volontaristes qui aillent au-delà des contraintes réglementaires.
À l’inverse, entre 31 et 38% des entreprises de moins de 250 salariés ne vont pas ou peu au-delà de la mise en conformité en matière de formations.
Ces résultats semblent cohérents avec les chiffres de la dépense de formation professionnelle suivant la taille des entreprises, tels que le Cereq les a calculés pour 2011 à partir des données des déclarations 24-83 : les entreprises de 500 salariés et plus se situaient au-dessus de la barre des 3% de la masse salariale, celles de moins de 50 en-dessous des 2%.
Les autres motivations invoquées recueillent peu de réponses, quelle que soit la taille des entreprises : 8% voient d’abord dans la formation un outil RH de fidélisation/récompense, 10% un accompagnement de la flexibilité, 15% un moyen d’introduire de nouvelles pratiques professionnelles.
Formation des salariés : le poids des obligations
Bien sûr, la propension à privilégier les formations réglementaires ne découle pas uniquement de la volonté des entreprises, mais aussi de l’ampleur des obligations légales auxquelles elles sont soumises. Il n’est donc pas surprenant que les entreprises du transport et de l’entreprosage soient les plus nombreuses à considérer la formation des salariés d’abord comme une obligation légale (à 72%), suivies par les industries extractives, énergétiques, eau et recyclage (53%) et la construction (52%) : toutes sont amenées à renouveler régulièrement la certification sécurité de leurs salariés impliqués dans la conduite d’engins de transport et de chantier (le Caces). De fait, dans ces secteurs, autour de 9 entreprises sur 10 ont financé des formations obligatoires en 2014.
Ce lien entre obligation et approche de la formation n’est cependant pas systématique : les entreprises de la branche métallurgique (électricité, électronique, informatique, machines, matériels de transport) ne sont pas exemptes d’obligations, puisqu’elles ont été 85% à financer des formations réglementaires en 2014. Ce qui n’empêche pas 40% d’entre elles de favoriser la formation-accompagnement du changement.
À l’autre extrême, les entreprises du secteur de l’information et de la communication sont à la fois les plus enclines à voir dans la formation des salariés un vecteur de changement (à 52%) et les moins consommatrices de formations obligatoires (42% des entreprises y ont eu recours en 2014).
L’enquête Defis nous dessine un paysage contrasté des approches de la formation en fonction de la taille et des secteurs des entreprises. Il en ressort, sans surprise, que les obligations réglementaires pèsent davantage sur les plus petites entreprises. Les plus grandes, en revanche, sont nombreuses à développer des politiques de développement des compétences qui anticipent et accompagnent la transformation des organisations. Il reste à voir si la réforme et l’évolution du marché vont modifier ces comportements dans la durée.
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